Travail détaché : les transporteurs routiers français "sacrifiés", selon les syndicats

Les syndicats dénoncent que la nouvelle directive ne prennent pas en compte les travailleurs du secteur routier.
Les syndicats dénoncent que la nouvelle directive ne prennent pas en compte les travailleurs du secteur routier. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Les routiers restent "les salariés low cost de l'Europe", ont réagi mardi leurs syndicats, au lendemain de l'accord sur les travailleurs détachés.

Les transporteurs français ont été "sacrifiés" pour parvenir à un accord "historiquement scandaleux" sur le travail détaché en Europe, ont vivement réagi mardi leurs représentants, à rebours de la communication rassurante du gouvernement.

"Les salariés low cost de l'Europe". Pour obtenir un compromis au sein de l'Union européenne (UE), la France a accepté d'exclure le transport routier de la directive révisée sur le travail détaché. Le texte actuel continuera de s'appliquer jusqu'à la révision du "paquet mobilité", une directive européenne dédiée à la profession. "Ce n'est pas acceptable", les routiers restent "les salariés low cost de l'Europe", a réagi auprès de l'AFP Patrick Blaise, de la CFDT-Route, premier syndicat en France. Pour Fabrice Michaud de la CGT-Transports, c'est "une sorte de bombe à retardement que le gouvernement a signée" car l'accord "va accentuer le dumping social, c'est un très mauvais signal pour l'ensemble de la profession".

"Lâchés au dernier moment par les politiques". Les pays de Visegrad (Pologne, Hongrie, Républiques tchèque et Slovaquie), mais aussi l'Espagne et le Portugal qui ont obtenu gain de cause, "vont être encore plus arc-boutés sur leurs positions" lors de la négociation du paquet mobilité, a ajouté Jérôme Vérité (CGT). "On va vers une catastrophe", selon Patrice Clos (FO). Les routiers ont été "lâchés au dernier moment par les politiques", a poursuivi Thierry Douine (CFTC).

Ils "continueront à être 'dumpés'". D'après Thierry Douine, les conducteurs français resteront "les travailleurs pauvres du marché français" car ils "continueront à être 'dumpés' allègrement" par des chauffeurs étrangers, moins chers.

Ces réactions tranchent avec les propos rassurants du gouvernement. "La question du transport routier est clarifiée : les règles du détachement s'appliquent pleinement au secteur du transport", ce que "confirme clairement" l'accord, ont assuré de leur côté les ministres du Travail (Muriel Pénicaud), des Transports (Elisabeth Borne) et des Affaires européennes (Nathalie Loiseau). Simplement, "les modalités d'application de la directive révisée dans ce secteur seront précisées dans le cadre de la négociation en cours sur le 'paquet mobilité'", ont-elles ajouté dans un communiqué.