Tilly-Sabco : une manifestation de salariés dégénère

Le tracteur a littéralement arraché les grilles de la sous-préfecture de Morlaix.
Le tracteur a littéralement arraché les grilles de la sous-préfecture de Morlaix. © Maxppp
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Damien Brunon avec AFP , modifié à
Les 200 manifestants ont détruit la grille de la sous-préfecture de Morlaix et l'ont occupé pendant plusieurs heures.

L’INFO. Les Bretons sont en colère, et pas que le week-end. Après la mobilisation des “bonnets rouges” samedi à Quimper, c’était au tour des salariés de Tilly-Sabco d’organiser une manifestation lundi. Arrivé devant la sous-préfecture de Morlaix, l’un des manifestants a pris le volant d’un tracteur pour en défoncer la grille.

Opération escargot. Plus tôt dans la journée, près d’une centaine de véhicules étaient partis de l’entreprise à Guerlesquin pour bloquer la RN12, le principal axe routier du nord de la Bretagne. Dans le cortège se trouvait un tracteur orné d’une banderole disant “1.000 emplois menacés”.

La manifestation s’est déroulée dans le calme, les 150 à 200 personnes, des salariés de Tilly-Sabco et des éleveurs de volailles, était accompagnés par Daniel Sauvaget, le PDG de l’entreprise.

Débordements. A l'arrivée devant la sous-préfecture, le tracteur qui menait le cortège s’est positionné devant les grilles pendant que des manifestants peignaient des slogans au sol. 

Un cadre de Tilly-Sabco, coiffé d'un bonnet rouge, a alors pris l'initiative de se mettre aux commandes de l'engin et a défoncé le portail en métal. Les manifestants ont pu alors pénétrer dans la cour. Les forces de l'ordre ont pris position dans le jardin, alors qu'un feu a été allumé dans la cour.

Une délégation a par ailleurs été reçue à la sous-préfecture de Morlaix. "On doit être épaulés et pas lâchés du jour au lendemain", a estimé Daniel Sauvaget à la sortie de la réunion. "Je souhaite que (le ministre de l'Agriculture Stéphane) Le Foll se manifeste avant vendredi, il y a des urgences, des décisions à prendre". "On a des problèmes, on nous répond par des annonces de rendez-vous", a-t-il encore regretté.

Occupation pendant plusieurs heures. La préfecture a alors été occupée par les manifestants qui ont déclaré ne pas vouloir quitter les lieux jusqu'à l'arrivée du ministre de l'Agriculture prévue vendredi. Le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, a prévenu que cette occupation ne serait pas tolérée longtemps. "On va continuer la discussion avec ceux qui sont sur place et l'appel à la raison. Mais une situation de blocus prolongée ne serait pas tolérable", a-t-il dit sur BFM-TV.

Daniel Sauvaget a quant à lui expliqué faire partie intégrante des manifestants, sans être l'initiateur de l'opération, pour exprimer "le ras-le-bol" de la profession.

En soirée, les Tilly-Sabco ont finalement quitté le bâtiment à la demande de leur PDG qui avait eu l’assurance du ministre du l'Agriculture d'une demande de rendez-vous avec le commissaire européen pour défendre les restitutions européennes.

1.000 emplois menacés. Le PDG de Tilly-Sabco a annoncé la semaine dernière qu'à partir de janvier, l'entreprise cessera son activité de poulet export, qui représente 90% de son chiffre d'affaires (136 millions d'euros en 2012). Cette décision menace un millier d'emplois, selon lui.

Le 18 juillet, Bruxelles a supprimé les aides à l'exportation pour les poulets congelés, des "restitutions" qui permettaient aux poulets européens de concurrencer les volailles brésiliennes sur la scène internationale, notamment au Moyen-Orient.

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