Tabac : les buralistes sont en colère

Les buralistes n'apprécient guère les nouvelles mesures anti-tabac auxquelles réfléchit le gouvernement.
Les buralistes n'apprécient guère les nouvelles mesures anti-tabac auxquelles réfléchit le gouvernement.
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Pour enrayer ce fléau sanitaire, le gouvernement entend prendre des mesures drastiques.

Après plusieurs hausses de prix qui n'ont pas porté leurs fruits en matière de lutte contre le tabac, le gouvernement a décidé de frapper un grand coup avec le concours de Bruxelles. Dans Le Parisien-Aujourd'hui en France mercredi, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, justifie ces nouvelles mesure par les "73.000 morts par an que fait le tabac en France". La ministre, qui souhaite "développer une vraie politique de santé publique", envisage plusieurs mesures en parallèle de celle sur laquelle planche l'Europe. Bruxelles souhaite en effet voir disparaître les marques sur les paquets. Europe1.fr détaille le copieux menu qui attend les fumeurs et qui agace déjà les buralistes. Outrés, ils ont annoncé des actions symboliques jeudi pour manifester leur mécontentement.

Nouvelle hausse du prix du paquet. Avant l'été, Jérôme Cahuzac, le ministre délégué au Budget, a confirmé la hausse envisagée pour l'automne de 6% du prix des paquets de cigarettes. Après 2009, 2010 et 2011, 2012 connaîtra donc sa hausse de 6%, ce qui représente une augmentation de 30 à 40 centimes par paquet, et 50 à 60 centimes pour le tabac à rouler. Taxer les fumeurs au portefeuille les détournerait seulement des bureaux de tabac, sans forcément diminuer leur nombre. C'est ce que laisse entendre ADF. L'entreprise qui détient quasiment le monopole de la distribution des bureaux de tabac a constaté une baisse des livraisons de 4,3% des livraisons entre octobre 2011 et juin. Par ailleurs, différentes études montrent par ailleurs qu'une cigarette sur cinq fumée en France n'a pas été achetée en France mais légalement à l'étranger (Espagne, Andorre, Italie, Belgique...) ou illégalement sur Internet, dans la rue ou dans certains commerces peu scrupuleux.

Mise en place un paquet sans marque. Aujourd'hui, une marque de cigarettes est facilement identifiable. Demain, ce sera plus dur, si l'Europe applique la directive actuellement discutée à Bruxelles et soutenue par la France. Le gouvernement français ne serait pas contre cette idée d'instaurer des paquets uniformes sans couleurs, logo, ni image de marque mais avec des photos choc plus grandes. Cela réduirait l'effet de la publicité sur les consommateurs, en plus de "mieux mettre en valeur les messages de santé", selon Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme (CNCT). Ces derniers représentent 40% du recto ("Fumer tue", ou autre texte) et du verso (photo choc) des paquets. Ils pourraient être largement agrandis, comme l'a décidé l'Australie par exemple. Cette loi restrictive y entrera en vigueur dès décembre.

Suppression des linéaires chez les buralistes. Fini les bonnes vieilles rangées de paquets de cigarette derrière le comptoir. Le projet de Bruxelles, qui pourrait entrer en vigueur à l'automne, prévoit la suppression des linéaires, ce qui revient à cacher les produits en vente. Une excellente chose pour les anti-tabac. "Il n'y a pas que des fumeurs qui vont dans les bureaux de tabac, il y a beaucoup de jeunes", plaide Emmanuelle Béguinot. Or le bureau de tabac est le seul lieu qui échappe à la loi Evin interdisant toute publicité pour le tabac.

Extension des espaces non-fumeurs. Cette piste est "en réflexion", d'après Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales. Déjà interdite dans les entreprises, administrations, établissements scolaires, de santé, bars, restaurants ou discothèque, la cigarette pourrait être bannie ailleurs. Où ? Marisol Touraine n'a pas donné plus de précision sur ces pistes de réflexions, mais les parcs et jardins, où les enfants sont nombreux, pourraient en faire partie. On ne devrait toutefois pas aller jusqu'à voir des espaces fumeurs dans les rues, comme c'est le cas au Japon par exemple.

Meilleure prise en charge du sevrage. Difficile de se sevrer aujourd'hui sans mettre la main au portefeuille, la Sécurité sociale ne prenant en charge ni les patches, ni les gommes à mâcher. Cela pourrait changer, avec l'instauration d'un forfait annuel attribué à chacun par exemple. Une mesure qui ne satisfait pas vraiment les tabacologues, qui jugent le forfait insuffisant.