Sous la pression de Bruxelles, la Grèce va accélérer ses réformes

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BIS REPETITA - Athènes va devoir préciser au plus vite ses futurs chantiers pour recevoir de l’argent frais de l’Europe, comme cela avait été convenu en février.

La nuit de jeudi à vendredi avait comme un air de déjà vu. Une nouvelle fois, la Grèce et les pays de la zone euro ont trouvé un accord pour éviter l'asphyxie financière qui menace Athènes. N’ayant bientôt plus d’argent frais, Athènes a accepté d’accélérer le rythme de ses réformes et s'est engagée à présenter dans les tout prochains jours une "liste complète" et détaillé à ses partenaires européens. C’est-à-dire exactement ce qui avait été convenu il y a un mois lors du dernier épisode de la crise grecque sauf que, le temps passant, Athènes peut de moins en moins jouer la montre.

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Athènes à nouveau bientôt à sec. Après avoir assuré qu’il n’en était rien, Athènes a reconnu jeudi soir que ses caisses étaient presque vides, le vice-Premier ministre Ioannis Dragasakis évoquant un "problème de liquidités". La Grèce a plus précisément besoin en urgence de deux à trois milliards d’euros, d’autant qu’elle doit rembourser vendredi 300 millions d’euros au FMI et 1,6 milliards d’euros en bons du Trésor la semaine prochaine.

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Mais confrontée à la fermeté de Bruxelles. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a donc rencontré en urgence ses homologues européens jeudi pour leur demander de débloquer la dernière tranche du plan d’aide dont bénéficie son pays. Ce à quoi les pays de la zone euro ont répondu la même chose qu’en février, lors du dernier épisode du feuilleton grec : pas d’argent sans réforme.

Un mois plus tard, une seule des réformes promises a été adoptée et il s’agit de celle que le gouvernement grec a réussi à imposer à ses interlocuteurs : une loi contre la pauvreté pour répondre à l’urgence humanitaire dans le pays. Pour le reste (réforme du système fiscal, lutte contre la fraude et la corruption, modernisation de l’administration, etc.), la Grèce n’a toujours pas précisé ses intentions. Malgré l’insistance d’Athènes, ses créanciers européens ont donc refusé de lui verser le moindre euro.

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La Grèce promet d’accélérer le rythme. Le temps jouant contre elle, la Grèce a donc accepté dans la nuit de jeudi à vendredi de jouer le jeu : elle s'est engagée à présenter dans les tout prochains jours une "liste complète de réformes" à ses partenaires européens. Et si possible détaillée pour éviter un nouveau veto européen.

"Nous avons voulu reconfirmer cet accord et demander même qu'il soit accéléré, c'est-à-dire qu'il puisse y avoir des réformes qui soient présentées le plus tôt possible par le gouvernement grec", a résumé François Hollande. Si les discussions avancent assez vite, une réunion des ministres des Finances de la zone euro devrait être organisée très rapidement, peut-être dès la semaine prochaine.

Mais la zone euro n’est pas à l’abri d’un nouveau rebondissement, l’austérité promise à Bruxelles entrant souvent en contradiction avec la politique de relance promise aux électeurs grecs. A peine sortie de ce nouveau round de négociation, Alexis Tsipras a ainsi déclaré qu’il "est clair que la Grèce n'aura pas à prendre des mesures récessives". Le Premier ministre grec va pourtant devoir faire accepter à la majorité de ses concitoyens une potion un brin amer pour qui n’y est pas habitué : mettre fin à la fraude à la TVA, très répandue, obliger les plus fortunés à payer des impôts et réformer l’administration fiscale pour la rendre plus indépendante. Et il devra préciser rapidement comment il compte y arriver pour recevoir un nouveau prêt de la zone euro.

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