SNCF : des TER trop légers pour être sécurisés ?

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G.S. avec Jean Sébastien Soldaini , modifié à
Les syndicats pointent du doigt la légèreté de certaines rames, qui les rend indétectables. 

Certains trains sont-ils trop légers pour voyager en toute sécurité ? Les rames de TER X73500, fabriquées par Alstom, en service depuis 1999,  sont régulièrement pointées du doigt. Et à quelques semaines d'élections internes à la SNCF, les syndicats de cheminot ont décidé d'en faire leur cheval de bataille.

Les rails ne les détectent pas. La légèreté de ces trains les rend en effet trop discrets : par moments, les capteurs situés sur les rails, qui permettent de géolocaliser les trains, ne les détectent tout simplement pas. Ces capteurs transmettent les informations au système d'aiguillage des trains qui, en fonction de l'avancée du train, l'oriente mécaniquement dans telle ou telle direction, où fait passer les feux au rouge ou au vert. Or, à certains moments, ces trains disparaissent des radars, empêchant donc le système de "prendre" les bonnes décisions. Et cela a déjà causé plusieurs incidents. Le dernier en date était il y a un mois, près de Nantes. Un aiguillage n'a pas repéré le train et l'a brusquement fait changer de direction. La rame a déraillé (sans faire de blessés). En Auvergne, depuis cinq ans, cela arrive régulièrement toujours au même endroit : entre Riom et Gannat.

Une barrière ne s'est pas levée. Les cheminots soulèvent également un incident survenu en janvier dernier, plus inquiétant. Près de Bayonne, le TER s'est déconnecté sept fois sur onze kilomètres. Et cela aurait pu être dramatique : les barrières d'un passage à niveau ne se sont carrément pas baissées, car elles n'avaient pas "repéré" le train, qui est pourtant passé à 130km/h. "On ne peut pas continuer à jouer à la roulette russe. Que se passera-t-il si un train prend un bus ou une voiture ? A un moment il faut choisir entre la politique et la sécurité", martèle Stéphane Dedieu, de la CGT Cheminots Midi Pyrénées, au micro d'Europe 1.

La SNCF en appelle à Alstom. La SNCF est bien consciente du problème. Elle a elle-même recensé jusqu'à 40 incidents par an. En réaction, elle impose désormais de faire rouler les rames par deux pour augmenter le poids sur les rails. Mais même dans cette configuration, le problème persiste : plusieurs trains qui roulaient par deux se sont encore déconnectés ces dernières semaines. La compagnie a demandé à Alstom de trouver une solution. Contacté par Europe 1, l'industriel n'a pour le moment pas souhaité s'exprimer.