SMS, appels manqués: gare aux arnaques

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avec Carole Ferry (et AFP) , modifié à
30.000 messages frauduleux sont signalés chaque mois. Et il reste difficile de lutter contre.

"Salut, c'est Sophie ! Rappelle-moi vite au 08...". Inoffensif au premier coup d'oeil, ce SMS pousse le destinataire crédule à appeler, sans le savoir, un numéro surtaxé. Une arnaque simplissime et très lucrative, mais difficile à combattre. "Pour monter une affaire comme celle-là (...) il faut quelques ordinateurs et puis c'est tout", note le directeur général de la Fédération française des télécoms, Yves Le Mouël. Quelque 30.000 SMS frauduleux sont ainsi signalés chaque mois par des clients au numéro d'alerte 33700.

Autre arnaque : celle des "ping calls", une pratique plus récente mais qui gagne du terrain. Il s'agit d'appels très brefs que le destinataire croit avoir ratés. Lorsqu'il rappelle, il tombe sur un numéro surtaxé.

Qu'il s'agisse de SMS ou d'appels en absence, le propriétaire du téléphone peut signaler le numéro en 08 ou le numéro à l'origine du texto en envoyant un SMS au 33700.

Des millions d’euros par an

Car ces arnaques rapporteraient des millions d'euros par an, selon Yves Le Mouël. Quant à la mise en oeuvre, c'est un jeu d'enfant, assure Adeline Champagnat, chef adjointe de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).

A l'aide d'une ou plusieurs sociétés écran, les escrocs louent des numéros surtaxés, puis installent, avec l'aide d'un ingénieur télécoms, des "pondeuses", des ordinateurs qui vont envoyer de façon automatisée des milliers de SMS et d'appels renvoyant vers ces 08. Le client qui rappelle tombe le plus souvent sur une musique d'attente... facturée au prix fort.

Des financements occultes ?

Grâce aux signalements auprès du 33700, les opérateurs ont suspendu près de 800 numéros en 08 depuis novembre 2008. Mais il reste difficile d'appréhender les criminels qui les exploitent car ceux-ci "changent d'identité et de société dès qu'ils sont coincés", selon Yves Le Mouël.

Les cas les plus graves sont signalés à l'OCLCTIC, qui enquête actuellement "sur une bonne dizaine d'affaires", précise Adeline Champagnat. "Pour nous, c'est une priorité parce que cela rapporte tellement d'argent qu'on peut se demander si certaines sociétés n'utilisent pas ces systèmes pour financer d'autres activités, par exemple le trafic de stupéfiants ou le terrorisme", explique-t-elle.

Des sociétés basées à l’étranger

Six agents de l'OCLCTIC travaillent en permanence sur ces affaires. Mais peu d'entre elles finissent dans les tribunaux car les escrocs se jouent des frontières en basant leurs entreprises fictives à Londres, New York ou au Costa Rica. "A partir du moment où elles sont à l'étranger, on ne peut plus rien faire" car en dehors de l'Union européenne, "il est très difficile" d'obtenir de la police qu'elle collabore, regrette Adeline Champagnat.

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