SFR n’avalera pas Bouygues. Et après ?

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© PHILIPPE HUGUEN/AFP
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Emmanuel Duteil et
TELECOM - Le rachat de Bouygues aurait en fait arrangé tout le secteur, signifiant la fin de la guerre des prix.

Malgré un appétit sans limite et une dizaine de milliards d’euros mis sur la table, Patrick Drahi n’est pas arrivé à ses fins. Bouygues Telecom a en effet rejeté l’offre de rachat proposée par SFR-Numericable. La consolidation du secteur des télécoms n’aura donc pas lieu, du moins pour l’instant. En attendant, à quoi faut-il s’attendre ?

Pas de retour à trois opérateurs. Si Bouygues Telecom a rejeté l’offre de SFR-Numericable, cette dernière aurait pourtant fait les affaires de tout le secteur. En effet, tous les opérateurs sont d’accord sur un point : à leurs yeux, il y a un opérateur de trop depuis l’arrivée de Free et la guerre des prix qu’il a provoquée. Le passage de quatre à trois opérateurs aurait en effet renforcé chacun des acteurs, SFR devenant leader, Orange pouvant alors récupérer une partie des actifs de Bouygues, tandis que Free Telecom aurait pu racheter une partie du réseau d’antennes-relais. Mais les consommateurs en auraient probablement payé le prix, avec le risque d’une hausse des tarifs.

De lourds investissements à venir. Avec ce retour à la case départ, les opérateurs soulignent à nouveau que les temps sont durs pour eux, notamment à cause de la baisse de leurs marges. Les esprits grincheux pourront leur rappeler qu’il en engrangé de très importants profits pendant des années et que le tarifs ont recommencé à se stabiliser. Dans tous les cas, ces derniers ont de nombreux chantiers en perspective et ils ne seront pas anodins pour leurs comptes.

Premier défi : relier toutes les zones blanches, à savoir les 4.000 communes où le téléphone portable passe mal et les 100 communes où il n’y a pas de réseau du tout. Les opérateurs s’étaient engagés à les couvrir, Manuel Valls leur a rappelé cette promesse en mars dernier, les invitant à déployer directement un réseau 3G et à ne pas se limiter à de la 2G. Deuxième défi : poursuivre le déploiement de la fibre sur tout le territoire, un investissement bien plus lourd quoique déjà bien engagé. Sans oublier une troisième échéance : la mise en vente de nouvelles fréquences programmée pour la fin de l’année ou début 2016. L’Etat en attend 2 milliards d’euros, sauf que seul Free est vraiment intéressé par cet appel d’offre pour pouvoir poursuivre le déploiement de son propre réseau. Les autres opérateurs en auront besoin dans la perspective de la 5G, mais à moyen termes.

Les opérateurs ont donc de lourds investissements en perspective et ne doivent pas s’attendre à retour des marges très confortables de l’avant-Free. En effet, après avoir décliné l’offre de SFR-Numericable, Bouygues a annoncé qu’il allait continuer à être très offensif sur ses prix pour continuer à séduire de nouveaux clients. Autant dire que le scenario d’un retour à trois opérateurs pourrait ressurgir.