SeaFrance : 3 scénarios possibles

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Gabriel Vedrenne, avec AFP , modifié à
La liquidation prononcée par la justice n’empêche pas de créer une Scop, une piste fragile.

En décidant lundi de prononcer la liquidation définitive avec cessation d'activité de la compagnie transmanche SeaFrance, le tribunal de commerce de Paris a douché les espoirs des salariés. Ces derniers espéraient beaucoup de l’arrivée inattendue d’Eurotunnel dans ce dossier et demandaient donc un nouveau délai.

En vain. "Il n'existe aucune offre de reprise valable, l'activité ne peut être poursuivie, le tribunal met fin à la période de maintien de l'activité de SeaFrance", ont précisé les juges. SeaFrance, c’est donc fini, mais les employés et les bateaux peuvent encore avoir un avenir. Europe1.fr liste les scénarios encore envisageables.

>> La fragile hypothèse d’une Scop

Si SeaFrance n’existe plus, cela n’empêcherait par ses ex-salariés de fonder une société coopérative ouvrière(Scop) pour relancer l’activité. Cette Scop serait alors associée avec Eurotunnel, qui racheterait les ferries SeaFrance pour ensuite les louer à la Scop.Les représentants de la Scop ont annoncé lundi, en fin d'après-midi, leur intention de continuer à se battre et de tenter dans les "prochains jours" de monter un nouveau projet commun avec Eurotunnel. "Une bataille a été perdue mais la guerre n'est pas terminée. La Scop existe, elle est immatriculée et son objectif est de maintenir l'emploi", a déclaré à la presse Fouad Barbouch, avocat de la Scop.

Mais les salariés sont de moins en moins enclins à verser toutes leurs indemnités de licenciement dans un projet qui pourrait aussi se révéler être une impasse. "Il a été entendu que ce n'est pas viable économiquement donc je ne vais pas prendre le risque éventuel d'y mettre des indemnités de licenciement", a réagi sur Europe 1 Laurence Le Gonidec, membre du collectif des salariés non-syndiqués.

>> La piste Louis-Dreyfus : un rachat et des doutes

Louis Dreyfus Armateurs (LDA) a proposé de reprendre 300 marins de la compagnie de ferries en liquidation SeaFrance sur deux bateaux de LDA, a annoncé lundi soir la ministre de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Louis Dreyfus Armateurs propose de mettre dans le détroit deux de ses bateaux et de reprendre 300 marins de SeaFrance, tous des marins français, sous pavillon français, pour assurer la liaison Calais-Douvres", a déclaré la ministre. Cette offre implique aussi son partenaire danois DFDS, avec lequel LDA avait déjà fait une offre il y a plusieurs semaines.

Mais les ex-salariés se méfient de ce concurrent aux méthodes qualifiées de "low-cost" et "déloyales". Les ferries Louis-Dreyfus Armateur naviguent en effet sous pavillon britannique avec une main d’œuvre rarement franco-britannique mais plutôt originaire des pays européens les moins développés. Si les ferries SeaFrance peuvent alors trouver repreneur, c’est beaucoup moins sûr pour les salariés, qui se verraient proposé des rémunérations très inférieures à celles en vigueur chez SeaFrance.

>> Une disparition pure et simple

Dernière hypothèse possible : le groupe SeaFrance enterré, ses ex-salariés tournent la page et conservent leurs indemnités. Quant aux navires de la compagnie, ils seront vendus au plus offrant pour éponger une partie des dettes de l’entreprise.