Santé : passe d'armes sur le budget de l'Aide médicale d'État à l'Assemblée

Agnès Buzyn, assemblée nationale crédit : LIONEL BONAVENTURE / AFP - 1280
La ministre de la Santé a évoqué une question de santé publique pour défendre cette Aide médicale d'État © LIONEL BONAVENTURE / AFP
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avec AFP , modifié à
La hausse de l'aide médicale pour les étrangers en situation irrégulière a fait l'objet d'un vif débat entre la majorité, soutenue par la gauche, et la droite et l'extrême droite.

Le budget en hausse de l'Aide médicale d'État (AME) a donné lieu à une passe d'armes à l'Assemblée nationale dans la nuit de lundi à mardi, la majorité et la gauche défendant un dispositif décrié par la droite et l'extrême droite.

Une Assemblée divisée. Votés à main levée, les crédits 2018 de la Santé, en hausse à 1,4 milliard d'euros environ, comprennent un volet Protection maladie, qui finance quasi-exclusivement cette aide pour les étrangers en situation irrégulière, et un volet Prévention, sécurité sanitaire. La majorité LREM-MoDem et les Constructifs les ont adoptés, LR mais aussi la gauche de la gauche rejetés pour des raisons opposées, les socialistes se sont abstenus.

Un nombre de bénéficiaires en baisse. Pour l'année prochaine, le montant programmé pour l'aide médicale d'État, instaurée en 2000 pour les étrangers sans papiers résidant en France depuis plus de trois mois qui en font la demande, est de 882 millions d'euros. Le nombre de bénéficiaires de l'AME a connu un léger infléchissement en 2016, avec 311.310 personnes en fin d'année, et semble se confirmer en 2017, selon le rapport de Véronique Louwagie (LR).

Une question de santé publique. La ministre Agnès Buzyn a notamment prévenu que supprimer l'AME serait "une faute au regard de la santé publique", vu les risques de transmission de maladies contagieuses, et "ferait peser sur les professionnels et établissements de santé une responsabilité qui n'est pas la leur". Un avis partagé par la majorité et la gauche qui parle d'une hausse "de bon sens".

Les bénéficiaires ont "un panier de soins très réduit qui permet à la collectivité de se protéger contre des maladies infectieuses, les protéger de maladies chroniques et éviter un surcoût éventuel pour l'hôpital public", a argumenté la ministre.

Une somme trop importante. Mais "la somme considérable interroge beaucoup de nos concitoyens", d'autant qu'il y a des "abus", a déclaré Véronique Louwagie, qui a échoué à obtenir un rapport sur l'évolution des dépenses de ce "système généreux". Cette "générosité", pour des migrants ayant assez d'argent pour "s'acheter un portable", est "incompréhensible pour les Français qui économisent quelques euros", a renchéri Julien Aubert, plaidant sans succès au nom de LR pour recréer un droit de timbre et affirmant que le Danemark, la Suède, la Suisse, l'Espagne ou l'Italie ont des dispositifs modérateurs.

Pour Emmanuelle Ménard, élue avec les voix du FN, l'AME, "en roue libre" et "payée par ceux qui travaillent pour ceux qui non seulement ne travaillent pas mais sont en situation irrégulière", doit aussi être fortement réduite.

L'indemnisation des victimes de la Dépakine. Sur le volet prévention, le budget est "un niveau global assez faible et le principal facteur d'augmentation correspond à l'indemnisation des victimes de la Dépakine", avec 77,7 millions d'euros, selon le rapport de Véronique Louwagie. Sur la Dépakine, LFI notamment a promis de surveiller que "Sanofi rembourse rapidement à l'État son avance".