Santé : comment juguler les dépenses

Le conseil de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) doit débattre jeudi des moyens de limiter la hausse des dépenses. Et ses propositions seront ensuite transmises au gouvernement.
Le conseil de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) doit débattre jeudi des moyens de limiter la hausse des dépenses. Et ses propositions seront ensuite transmises au gouvernement. © MAXPPP
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L'Assurance maladie va trancher sur la manière de freiner la hausse de dépenses de santé.

Il est l'un des composants principaux du "trou de la sécu". L'éternel chantier du déficit de l'Assurance maladie marque une nouvelle étape jeudi. Le conseil de la Caisse nationale d'Assurance maladie (CNAM) doit en effet débattre des moyens de limiter la hausse des dépenses, avant que ses propositions soient transmises au gouvernement. Le directeur de la CNAM, Frédéric Van Roekeghem, et la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, se sont d'ailleurs déjà entretenus sur le sujet lundi, renseigne les Echos.

L'idée n'est pas de revenir à l'équilibre, rêve inatteignable pour le moment. Le déficit de l'Assurance maladie (lorsque les recettes sont inférieures aux dépenses) s'élevait à 8,6 milliards en 2011. Il s'agit plutôt de contenir à 2,7% en 2013 la hausse des dépenses de santé, qui dérivent "naturellement" de 4% par an environ.

Pour y parvenir, la CNAM exclut tout principe de déremboursement, conformément aux souhaits de l'exécutif. Quelles sont ses pistes ?

• AGIR SUR LES PRIX DES MEDICAMENTS

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Des tarifs de médicaments trop élevés. La CNAM préconise d'agir en priorité sur les tarifs des médicaments et des dispositifs médicaux, jugés trop élevés.  Selon un rapport cité par Les Echos, une économie de 850 millions d'euros est possible en travaillant sur les prix des médicaments, dont la moitié est à chercher sur les génériques.

L'Assurance-maladie incite en effet à davantage booster la consommation des génériques et à baisser encore leur prix, jugés surévalués par rapport à nos voisins. En prenant comme référence le prix moyen par unité standard en Allemagne et en appliquant de fortes baisses de prix au-delà, le gain serait proche de 400 millions sur les génériques déjà sur le marché, explique le quotidien économique.

Demander des ristournes aux fabricants. A plus long terme, la CNAM préconise d'alléger la règlementation pour les pharmaciens, afin que ceux-ci puissent négocier des ristournes avec les fabricants de génériques. Pour l'heure, le plafond de la remise est de fixé à 17 %. La CNAM propose de le relever, voire le supprimer. Le pharmacien devra alors reverser une partie des économies réalisées à l'Assurance maladie.

» Pourquoi la consommation de génériques baisse ?  Comment lutter ? Voir notre analyse : "les génériques, c'est pas automatique".  

• CONTROLER DAVANTAGE LE TRAVAIL DES PROFESSIONNELS

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Maîtriser les prescriptions des médecins. La CNAM demande déjà d'accentuer la maîtrise des prescriptions. Chaque année, le procédé est négocié entre  les pouvoirs publics et les médecins. Pas moins de 550 millions d'euros est à attendre d'une meilleure maîtrise, selon le dernier rapport.

Encadrer davantage les hôpitaux. L'hôpital est lui aussi invité à réduire ses prescriptions de médicaments, ce qui rapporterait 150 millions, ou encore à faire des économies sur la logistique (210 millions).

Agir sur les tarifs des spécialistes. Les tarifs remboursables de certains spécialistes peuvent également être revus pour économiser 150 millions, assure la CNAM.

• MIEUX PRENDRE EN CHARGE LES SOINS LOURDS

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La CNAM pointe également du doigt les traitements lourds, y voyant 1,7 milliards d'euros à économiser d'ici à 2017. Elle dresse ainsi une liste d'économies possibles encore jamais évoquées jusqu'à aujourd'hui.

Mieux traiter le diabète. Pour le diabète seul, les économies réalisables sont estimées à 800 millions d'euros, en cinq ans, en renforçant les soins de premier recours (moindres complications), en améliorant la prévention et le dépistage ou encore en développant des génériques, assure la CNAM rapportée par Les Echos.

Pour les genoux, s'inspirer de l'Allemagne et la Suède. Les prothèses du genou liées à une arthrose sont également visées. Elles ont concerné 80.000 patients en 2010 et ont augmenté de 50% en dix ans, souligne l'Assurance maladie. Ces soins représentent 1,143 milliard d'euros remboursés par l'Assurance maladie. Or, par rapport à l'Allemagne ou à la Suède, la France utilise moins un certain type de prothèses dites "cimentées", 25% moins chères que les autres. Résultat, le coût moyen d'une prothèse atteint 1.780 euros en France contre 1.495 en Allemagne.

Développer l'ambulatoire pour les hernies. Le rapport évoque aussi les hernies inguinales et crurales (132.000 patients en 2010) pour lesquelles la chirurgie ambulatoire (sans hébergement à l'hôpital) "reste relativement moins développée en France que dans d'autres pays". Pourtant, chaque séjour en ambulatoire représenterait un gain de 370 euros pour l'assurance maladie.

Adopter de nouvelles techniques pour les varices. Le rapport souligne aussi que le traitement chirurgical des varices entraîne des arrêts de travail de 26 jours, contre 16 recommandés. "L'adoption de nouvelles techniques (radiofréquence, laser, etc.) permettrait de réduire la durée d'arrêt de travail à 7 jours environ", estime l'assurance maladie. Et la chirurgie ambulatoire est,  là encore, "insuffisamment développée en moyenne en France" : 67% contre 80% en Suède et 85% au Royaume-Uni. Le coût moyen d'un séjour en ambulatoire est inférieur de 100 euros au coût d'une hospitalisation complète.

L'Assurance maladie évoque aussi des pistes d'économies pour le cancer colorectal et le cancer de la prostate, dont le taux de dépistage non recommandé, est trop élevé.