Rien ne va plus entre Sarkozy et les syndicats

La CGT de Bernard Thibault est devenue une cible privilégiée de Nicolas Sarkozy ces dernières semaines.
La CGT de Bernard Thibault est devenue une cible privilégiée de Nicolas Sarkozy ces dernières semaines. © Reuters
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Frédéric Frangeul , modifié à
Au beau fixe en 2007, les relations entre les deux parties ont atteint un point de rupture.

C'est une histoire qui tourne au vinaigre. La relation entre le président Sarkozy et les syndicats, commencée sous les meilleurs auspices en 2007, s'est détériorée au fil du quinquennat. A tel point que, désormais, la guerre semble déclarée entre les deux parties.

Ces dernières semaines, campagne présidentielle oblige, les piques ont été de plus en plus vives. Depuis l'annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy critiquent les syndicats, ces "corps intermédiaires" qui, selon lui, sont hermétiques aux réformes et qu'il n'exclut pas, s'il est réélu, de contourner par le recours au référendum.

La CGT dans le viseur du président-candidat

Principale cible du candidat sortant, la CGT, coupable à ses yeux de sortir de sa neutralité pour participer au jeu politique. Les raisons de la colère ? La manifestation des salariés d'Arcelor-Mittal devant son QG de campagne le 15 mars dernier ou la diffusion par la CGT d'un million de tracts de campagne appelant à voter contre lui 22 avril.

Le ton avait été donné dès le 31 janvier quand, à l’occasion d’un meeting de la CGT au Zénith de Paris, le nom de Nicolas Sarkozy avait été copieusement sifflé, tandis que celui de Jean-Luc Mélenchon avait été ovationné.

Du côté de la CFDT, l’irritation est la même à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Son secrétaire général, François Chérèque, a accusé vendredi le président-candidat de "manipulation de l'opinion" et de "démagogie populiste" en tapant à "bras raccourcis sur les syndicats". Selon lui, cette attitude du chef de l'Etat "est en rupture avec ce qu'il a fait pendant cinq ans".

Ce comportement à l’égard des organisations syndicales alarme François Chérèque. Le secrétaire général de la CFDT estime dans un entretien aux Echos vendredi que "la rupture du pouvoir avec les syndicats est potentiellement inquiétante pour la démocratie".

Des relations evenimées par la réforme des retraites

Pourtant, lorsqu'il a été élu en 2007, les rapports entre le président fraîchement élu et les organisations syndicales étaient au beau fixe. Un climat de confiance permis notamment grâce à l'entregent de Raymond Soubie, l’ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. La réforme de la représentativité syndicale en 2008, favorable à la CGT et à la CFDT, avait également convaincu les deux grandes centrales de la possibilité d’une bonne entente avec le chef de l’Etat.

Mais, la réforme des retraites de 2010, perçue par les syndicats comme un coup de force, a envenimé les relations, qui depuis n’ont cessé de se dégrader. En janvier dernier, le sommet social organisé par le gouvernement avait laissé les organisations syndicales sur leur faim. Elles avaient jugé les propositions du gouvernement "insuffisantes" et "sans impact sur l'emploi".