Revoilà le spectre de la crise de la dette

Après trois mois de relative stabilité, les marchés s'inquiètent à nouveau pour la zone euro et particulièrement pour la situation dans les pays méditerranéens.
Après trois mois de relative stabilité, les marchés s'inquiètent à nouveau pour la zone euro et particulièrement pour la situation dans les pays méditerranéens. © REUTERS
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Des indices boursiers en chute, des Etats qui peinent à emprunter : l’inquiétude est de retour.

Après plusieurs mois d’accalmie, la planète finance est redevenue fébrile depuis début avril. Signe de cette inquiétude, les Bourses ont toutes dévissé en début de semaine. Comment expliquer cette psychose des marchés ?

LES INDICES D’UNE FÉBRILITÉ REVENUE

Les marchés boursiers dévissent. Alors que le CAC 40 et ses homologues européens avaient repris environ 25% depuis septembre 2011, les courbes se sont brutalement inversées en l’espace d’une semaine. Depuis mercredi dernier, l’indice français a perdu 5%, tout comme ses homologues espagnols (-6%) et italiens (-8%).

L’Espagne et l’Italie empruntent à des prix plus élevés. Les taux d'intérêts espagnols ont atteint 6% mercredi, alors qu’ils n’étaient "que" de 4,84% le 1er mars dernier. Même constat en Italie, où le coût des prêts sur un an ont été multiplié par deux en moins d’un mois.

Les prêts allemands pris d’assaut. Si l’Europe du Sud doit augmenter ses taux d’intérêt pour trouver des prêteurs, l’Allemagne voit au contraire affluer les investisseur. Résultat, ses taux d’intérêt chutent mais les investisseurs préfèrent encore ne gagner pratiquement rien du tout plutôt que de prêter à des pays comme l’Espagne.

LES RAISONS DE L’INQUIÉTUDE AMBIANTE

Doutes sur la cure d’austérité espagnole. Engagée dans un plan de rigueur sans précédent, l’Espagne doit s’activer après ne pas avoir tenu ses promesses de déficit pour 2011 et alors que de nombreux analystes prévoient déjà qu’elle ne respectera pas ses engagements pour 2012. La méfiance s’installe et l’annonce, lundi 9 avril, d’une nouvelle coupe budgétaire n’a pas eu l’effet escompté. Le gouvernement espérait montrer sa bonne foi et rassurer les investisseurs, mais c’est tout le contraire qui s’est passé : cette annonce a été perçue comme une preuve de fébrilité et l’indice que les comptes espagnols ne sont toujours pas tenus.

La fin de l’effet BCE. Depuis début 2012, la Banque centrale européenne a injecté dans le système financier de très importants volumes d’argent. Cet afflux de liquidité a permis aux banques d’emprunter à bas coût pour ensuite elles-mêmes prêter de l’argent aux Etats. Mais la BCE a épuisé ses stocks, provoquant un retour à la normale… et à l’inquiétude.

Les incertitudes sur la croissance européenne et mondiale. Une Europe en pleine croissance, c’est l’assurance que des richesses seront créées et que les déficits pourront être épongés. Mais les pays de la zone UE sont loin du compte : Bruxelles et le FMI prévoient une croissance atone pour l’année 2012. Pire, l’Asie, qui tire la croissance mondiale, commence aussi à ralentir sous l'action de la Chine qui souhaite éviter une surchauffe économique. Ces perspectives mitigées de croissance risquent de peser sur les prochains emprunts de la France. Rendez-vous les 16 avril, date à laquelle l'Agence France Trésor contractera de nouveaux prêts.