Retraites : réforme "néfaste", dit le Medef

La patronne des patrons n'a pas apprécié le décret sur les retraites, au contraire de Jean-Claude Mailly qui l'a même jugé "insuffisant", mercredi sur Europe 1.
La patronne des patrons n'a pas apprécié le décret sur les retraites, au contraire de Jean-Claude Mailly qui l'a même jugé "insuffisant", mercredi sur Europe 1. © REUTERS
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avec agences , modifié à
RÉACTIONS - Les syndicats attendent plus du gouvernement, le patronat s'inquiète déjà.

Les syndicats semblent rester sur leur faim. S'ils se félicitent du symbole, ils jugent globalement "insuffisant" le décret pour réformer le système des retraites présenté mercredi par le gouvernement.

Ce texte instaure un retour partiel de la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler tôt et disposant déjà de 41,5 annuités. Le décret prévoit aussi d'inclure dans la durée de cotisation deux trimestres pour les chômeurs et les mères de famille. Mais pour les syndicats, qui entament un long cycle de négociations, le compte n'y est pas encore. Côté patronat, c'est encore pire : cette mesure est tout simplement "néfaste".

Le Medef s'alarme. Côté patronat, la mesure est tout sauf satisfaisante : "la réforme ne va pas dans le bon sens et pourrait être néfaste pour l'économie, à partir du moment où on la finance par la hausse des prélèvements", a ainsi déploré Laurence Parisot, présidente du Medef. "Les difficultés sont devant nous. Et ça ne peut qu'aggraver les déficits maintenant", a-t-elle conclu.

SATISFECIT MODÉRÉ

"Dans le bon sens mais insuffisant" aux yeux de FO. Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force Ouvrière, a ainsi estimé mercredi sur Europe 1 que ce décret "allait dans le bon sens" mais "c'est un décret à l'eau tiède". "Certes le gouvernement a décidé de prendre en compte deux trimestres supplémentaires pour les congés maternité et les chômeurs, mais c'est insuffisant", a-t-il expliqué. Et pour cause, deux trimestres, ce n'est "rien pour les chômeurs de longue durée", a-t-il ajouté. "C'est pourquoi nous allons continuer à peser, puisqu'il ne s'agit que de la présentation d'un projet. Ce n'est donc pas définitif", a-t-il poursuivi. Il a tenu à rappeler que "le débat sur les retraites" allait "redémarrer sur l'ensemble du dossier", à partir de la conférence sociale des 9 et 10 juillet.

La CGT reste discrète. La centrale a salué une mesure qui "rompt avec les politiques menées partout en Europe" et souhaité que la mesure s'inscrive "dans une dynamique de retour aux 60 ans pour tous".

ILS EN VEULENT PLUS

La CFTC en veut plus pour les mères. Le syndicat chrétien, très en pointe pour tout ce qui concerne les femmes au foyer, a évidemment insisté sur cette question. "Au-delà de deux enfants, c'est principalement les femmes qui ont eu un congé parental ou qui se sont mises à temps partiel. Et elles n'arriveront jamais, avec deux trimestres supplémentaires, à 41 ans de cotisations même si elles ont commencé à 18 ou 19 ans", a dénoncé Pascale Coton, la secrétaire générale de la CFTC. "Pour les mères de famille de plus de deux enfants, deux trimestres supplémentaires, ça ne suffit pas, il en aurait fallu au moins quatre", a-t-elle ajouté.

L'Unsa veut comprendre la logique. Le retour partiel à 60 ans "est une bonne chose, c'est un progrès", mais "nous avons des interrogations" sur les deux trimestres pour les chômeurs, "on ne voit pas pourquoi deux trimestres", a indiqué Jean Grosset, le secrétaire général adjoint de l'Unsa. "Nous allons demander des explications aux services du ministère des Affaires sociales" sur ces deux trimestres pour les chômeurs, a-t-il précisé, avant de conclure : "il ne s'agit que d'un premier pas puisque beaucoup de sujets restent à traiter:  l'égalité, la pénibilité, la pérennité du financement".

Ce décret doit être promulgué fin juin et entre en application le 1er novembre 2012. Selon le gouvernement, cette mesure bénéficiera chaque année, à partir de 2013, à plus de 110.000 personnes - environ 12% d'une cohorte de retraités - qui n'auront plus à travailler huit trimestres de plus comme l'imposait la réforme de 2010. Cela concerne tous les régimes de retraite - salariés du secteur privé, commerçants et artisans, agriculteurs, agents de la fonction publique et professions libérales.