Retraites : le gouvernement incité à prendre des mesures d'économies

Matignon a seulement précisé dans un communiqué que le gouvernement "informera(it) le Parlement" des suites à donner dans "le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018", attendu pour l'automne.
Matignon a seulement précisé dans un communiqué que le gouvernement "informera(it) le Parlement" des suites à donner dans "le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018", attendu pour l'automne. © Etienne LAURENT / POOL / AFP
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avec AFP
Le comité de suivi des retraites a invité le gouvernement à prendre les "mesures nécessaires" pour "ramener le système sur une trajectoire d'équilibre".

L'équation se complique pour le gouvernement : face à la dégradation des perspectives des régimes de retraite, il est incité jeudi par le comité de suivi à prendre des mesures à court terme, sans attendre la réforme ambitieuse promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne.

Première recommandation du comité de suivi. Il y a un an, l'ancien gouvernement se félicitait du "très net rétablissement" des comptes des régimes de retraite, jugeant inutile tout recul de l'âge de départ. Jeudi, en revanche, ni le Premier ministre Édouard Philippe, ni la ministre des Solidarités Agnès Buzyn ne sont venus commenter auprès des journalistes le quatrième avis que venait de leur remettre le comité de suivi des retraites. Celui-ci les a invités à prendre les "mesures nécessaires" pour "ramener le système sur une trajectoire d'équilibre", formulant ainsi sa première recommandation depuis sa création en 2014.

Le gouvernement "informera le Parlement" des suites à donner. Prenant acte, Matignon a seulement précisé dans un communiqué que le gouvernement "informera(it) le Parlement" des suites à donner dans "le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018", attendu pour l'automne. 

Retour à l'équilibre pas avant 2040. Ce comité de cinq membres doit évaluer chaque année avant le 15 juillet si le système respecte les trois objectifs assignés par la loi (niveau de vie des retraités, équité entre assurés, pérennité financière), sur la base des projections du Conseil d'orientation des retraites (COR) publiées en juin. Or, selon le COR, le retour à l'équilibre, jusqu'alors envisageable au milieu des années 2020, n'interviendra pas au mieux avant le début des années 2040, en supposant une croissance des revenus d'activité d'1,8% et un taux de chômage à 7%. Les déficits seraient même "durables en dessous d'un taux de croissance de la productivité de 1,5%", rappelle le comité de suivi.

En cause, notamment, la récente révision des prévisions démographiques de l'Insee, avec l'abaissement du solde migratoire annuel qui entraîne une moindre part de cotisants et une dégradation du solde des régimes à moyen terme, et l'allongement de l'espérance de vie des hommes, synonyme de dégradation à long terme. Le comité alerte en outre sur "les effets, fréquemment sous-estimés, de la politique salariale de la fonction publique (comme le gel du point d'indice, ndlr) sur la retraite des fonctionnaires et les ressources de l'ensemble du système". 

Sous-indexation des pensions ? Pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait promis un régime universel visant à rendre le système plus juste et plus lisible, sans toucher à l'âge de départ ou au niveau des pensions. À moyen ou long terme, cependant, un relèvement de l'âge de départ pourrait être envisagé compte tenu de l'allongement de l'espérance de vie, souligne le comité. Et d'autres "ajustements" pourraient être décidés "dès les premières années de la législature" comme la sous-indexation des pensions, selon le comité, qui anticipe toutefois des "difficultés d'acceptation au moment de la hausse de la CSG" prévue par le gouvernement.