Retraites : chaque camp défend ses pistes

Jean-Marc Ayrault a reçu Jean-Claude Mailly, patron de Force Ouvrière, lundi midi.
Jean-Marc Ayrault a reçu Jean-Claude Mailly, patron de Force Ouvrière, lundi midi. © MAXPPP
  • Copié
Thomas Morel , modifié à
Jean-Marc Ayrault a rencontré lundi les partenaires sociaux, dont les avis divergent sur la réforme.

Un lundi sous le signe des retraites. C'était une longue journée d'entretiens bilatéraux pour Jean-Marc Ayrault lundi. En préparation de la conférence sociale des 20 et 21 juin le Premier ministre a rencontré successivement l'ensemble des partenaires sociaux pour évoquer avec eux les pistes de réforme des retraites, dont Europe 1 révélait dès lundi matin les grandes lignes.

En compagnie du ministre de l'Economie Pierre Moscovici, de Michel Sapin (Travail), de Marisol Touraine (Affaires sociales et Santé) et de Marylise Lebranchu (Fonction publique), il a donc échangé successivement avec le Medef, l'Union des artisans (UPA) et la CGPME pour ce qui est des organisations patronales. Se sont ensuite succédés côté syndicats à Matignon Force Ouvrière, à la mi-journée, puis les dirigeants de la CFDT, de la CFE-CGC, de la CFTC et de la CGT.

Ce qu'envisage Matignon. Pour l'heure, Jean-Marc Ayrault se refuse à évoquer publiquement les pistes de réformes à l'étude. Mais selon les informations recueillies par Europe 1, le gouvernement tablerait sur trois pistes principales : augmenter la CSG sur les pensions, en la faisant de 6,6 % à 7,5 %; allonger la durée de cotisation à 44 ans, contre 41 ans aujourd'hui, et enfin désindexer le montant des pensions de l'inflation.

>> A LIRE AUSSI : Réforme des retraites : ce qu'envisage l'Elysée

Ces trois solutions doivent permettre d'assurer la pérennité des retraites françaises à l'horizon 2020. Selon le Conseil d'orientation des retraites, (COR), le besoin de financement du système atteindre à cette date 20 milliards d'euros, pour un déficit cumulé de 200 milliards.

Boursier.com - Parisot juge que la réforme des statuts est importante pour "la crédibilité du patronat"

Les patrons veulent allonger la durée de cotisation… Pour le gouvernement, il sera difficile de réconcilier les positions des organisations patronales et celles des leaders syndicaux, tant elles divergent. Lundi matin, Laurence Parisot, présidente du Medef, a ainsi expliqué qu' "il convient, dans un objectif de moyen terme, d'allonger la durée de cotisation", à 43 ans, ainsi que de reporter l'âge de départ à la retraite à 65 ans. Un avis partagé par Jean-Pierre Crouzet, le patron de l'UPA, et par Jean-François Roubaud, de la CGPME. Tous deux se disent également "totalement opposés" à une hausse du montant des cotisations. Laurence Parisot considère cependant que la désindexation des pensions n'est "pas souhaitable".

05.10.JC.Mailly.FO.Reuters.930.620

© REUTERS

… Les syndicats préfèrent augmenter leur montant. Les syndicats, de leur côté, tiennent la position exactement inverse. Jean-Claude Mailly, à la tête de Force Ouvrière, a ainsi rejeté sur Europe 1 tout allongement de la durée de cotisation : "on ne peut pas demander aux salariés, alors que l'espérance de vie en bonne santé a diminué depuis le début de la crise, de travailler plus longtemps". Et s'il se dit "prêt à regarder du côté de l'augmentation des cotisations", il affirme également être "prêt à mobiliser" si l'Etat n'accédait pas à ses demandes. La CGT est également sur cette ligne, et a d'ores et déjà annoncé "une mobilisation d'ampleur des salariés" autour de cette réforme.

La CFDT, en revanche, se veut plus réservée. Laurent Berger n'a pour l'heure pas pris de position, estimant simplement "qu'entre âge de départ et durée de cotisation, le paramètre le plus juste était la durée de cotisation".

Un calendrier serré. Les partenaires sociaux n'ont plus beaucoup de temps pour trouver un terrain d'entente. François Hollande prévoit une "conférence de méthode" le 22 mai, prélude à deux jours de débats sur la réforme à mener. Le chef de l'Etat souhaite en effet que le chantier accélère, avec un objectif : boucler le projet fin juillet au plus tard, pour une loi en septembre.