Retraites : ce qui est acquis, ce qui l'est moins

Mi-mai, le Premier ministre avait organisé un premier tour de concertation avec les partenaires sociaux sur la question des retraites.
Mi-mai, le Premier ministre avait organisé un premier tour de concertation avec les partenaires sociaux sur la question des retraites. © MAXPPP
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Thomas Morel avec Olivier Samain et Alexandre Kara , modifié à
Jean-Marc Ayrault consulte lundi et mardi les partenaires sociaux, mais un certain nombre de points ont déjà été actés.

Le gouvernement avance sur la question de la réforme des retraites. Jean-Marc Ayrault reçoit lundi et mardi les partenaires sociaux pour leur faire part des orientations retenues. Invité hier du 20 heures de France 2, le Premier ministre a annoncé que les arbitrages seraient rendus après ces entretiens. Mais certains choix ont déjà été arrêtés par le gouvernement. Tour d'horizon.

Ce qui est acté

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• L'âge de la retraite ne sera pas relevé. C'est l'un des points déjà arrêtés par l'exécutif : l'âge de départ à la retraite, fixé aujourd'hui à 62 ans, ne sera pas relevé, contrairement à ce qui avait été fait en 2010 lors de la réforme Sarkozy. A la place, c'est la durée de cotisation qui a la faveur de Jean-Marc Ayrault. Celle-ci, de 41 ans et un trimestre aujourd'hui, doit progressivement augmenter jusqu'à atteindre 41 ans et trois trimestres en 2020. La réforme devrait porter cet âge de départ progressivement jusqu'à 42, puis 43 ans, comme le préconise le rapport remis le 14 juin par l'ex-président du Conseil d'orientation des retraites, Yannick Moreau, au gouvernement.

Dans l'immédiat, cependant, pas de changements. A l'issue de sa rencontre avec le Premier ministre, Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, a affirmé qu'il n'y aurait "pas de baisse des pensions, pas de modification des calculs des retraites d'ici 2020, pas d'accélération massive de la durée de cotisation, pas de modification des règles de calculs pour les fonctionnaires ou les régimes spéciaux"

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La pénibilité prise en compte dès 2015. Le gouvernement souhaite par ailleurs une meilleure prise en compte de la pénibilité de certains métiers. Ceux-ci, dont la liste reste à définir, permettraient aux salariés exposés de bénéficier de trimestres de cotisation" gratuits", permettant de partir plus tôt à la retraite. Selon Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force Ouvrière,, ce "compte-pénibilité" serait mis en place dès le premier janvier 2015, et les employeurs contribueraient à son financement.

Pas de changements pour les fonctionnaires. Le rapport Moreau, remis en juin, proposait de rapprocher la méthode de calcul de la retraite des fonctionnaires de celle des salariés du privé. Mais les réactions violentes des syndicats à cette suggestion ont poussé le gouvernement à l'abandonner, tout comme Nicolas Sarkozy en son temps.

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Révision des droits familiaux. Les droits familiaux, qui permettent aux retraités ayant eu au moins trois enfants de bénéficier d'un "bonus" de pension, devraient être modifiés. Avec un objectif : faire en sorte que les mères puissent plus en bénéficier

Ce qui reste en suspens

Une question, et pas des moindres, doit encore être réglée : comment financer le système ? A l'horizon 2020, l'Etat devra en effet trouver pas moins de 20 milliards d'euros chaque année pour payer les retraites. Deux pistes sont actuellement envisagées, à savoir le relèvement de la CSG ou des cotisations retraites.

Faut-il privilégier la CSG… La CSG, qui repose sur une assiette large, présente l'avantage de permettre au gouvernement de récupérer beaucoup de ressources en relevant peu le taux. Le problème, c'est qu'augmenter la CSG revient à augmenter les impôts, ce qui, après la polémique sur le "ras-le-bol fiscal", serait difficile à faire accepter.

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… Ou les cotisations sociales ? La majorité pourrait donc se reporter sur les cotisations sociales, qui représentent aujourd'hui l'essentiel du financement des retraites. L'avantage, c'est qu'elles permettent de faire contribuer à la fois les salariés et les entreprises, et donc de montrer que tout le monde participe. Mais alors que le gouvernement fait tout pour réduire les charges des entreprises, augmenter les cotisations sociales produirait l'effet inverse.

hollande 930

© Reuters

Alors que la CSG a longtemps eu la faveur de l'exécutif, Jean-Marc Ayrault a annoncé dimanche soir que "rien n'est décidé". Un changement de position fort, alors que beaucoup pensait la question réglée. En fait, selon les informations d'Europe 1, tout s'est joué la semaine dernière, avec la polémique sur le ras-le-bol des impôts, suivie du ratage sur l'annonce de la taxe carbone. Deux rendez-vous manqués qui ont passablement agacé François Hollande. Résultat, vendredi matin, le chef de l'Etat a fait comprendre à son équipe que la CSG n'était plus une priorité.