Reprise économique : "La zone euro est très robuste, nous ne sommes pas inquiets", assure Benoît Coeuré, membre de la BCE

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Romain David , modifié à
Malgré un trou d'air en début d'année, Benoît Coeuré, membre de la BCE, s'est félicité sur Europe 1 de la "solidité" de la reprise économique en Europe.
INTERVIEW

Voilà trois ans que la Banque centrale européenne procède à des achats massifs de dettes publiques et privées. Cette politique monétaire connue sous le nom de "Quantitative Easing" (assouplissement quantitatif) est destinée à soutenir l'économie de la zone euro. En tout, se sont près de 2.500 milliards d'euros d'actifs qui ont été achetés, mais jeudi la BCE a annoncé que cette politique allait s'arrêter à la fin de l'année, de quoi enfin laisser espérer une sortie de crise après des années de marasme économique.

"Un petit trou d'air", mais... La croissance est forte en Europe, elle a ralenti un peu en début d'année, mais elle est solide et on pense qu'elle va se redresser et continuer parce que l'inflation revient vers 2%, ce qui est l'objectif de ce que l'on fait", explique vendredi, au micro de la matinale d'Europe 1, Benoît Coeuré, économiste et membre du directoire de la BCE. "On a tous la même analyse, il y a un petit trou d'air au premier trimestre 2018 parce que la croissance a été très forte fin 2017. Maintenant, ça se tasse, ça se stabilise", poursuit-il.

Les économistes européens entendent toutefois rester au chevet de la relance encore de longs mois. "On va garder les taux d'intérêt très bas, au niveau actuel, c'est-à-dire proche de zéro, aux moins jusqu'à l'été 2019. On garde une politique monétaire qui va soutenir l'économie pendant très longtemps".

Les taxes de Trump. Face au protectionnisme américain, qui menace désormais les exportations européennes, Benoît Coeuré ne doute pas non plus que l'UE soit à la hauteur de ce nouveau défi. "Il y a des facteurs d'incertitudes mondiales, des risques de guerre commerciale", pointe-il. Mais,"la zone euro est très robuste, nous ne sommes pas inquiets". Il estime ainsi qu'à ce stade les taxes mises en place par l'administration Trump n'ont qu'un impact limité, "parce que c'est sur l'acier et l'aluminium". Toutefois, "si cela dégénérait en guerre commerciale, ça pourrait avoir un impact beaucoup plus préoccupant, de long terme", avertit cet économiste.

Une forte attente. "Ce que j'en conclus, c'est que l'Europe ne peut compter que sur ses propres forces. Il faut qu'elle s'organise, se renforce, déploie sa puissance économique et stratégique", plaide-t-il. "Il y a une attente, le monde a les yeux rivés sur l'Europe. Sur le changement climatique, seule l'Europe, maintenant, peut mener à bien ce qui a été décidé dans les accords de Paris", rappelle-t-il.