Renault Trucks : le gouvernement met (un peu) la pression

Renault Trucks
Environ 200 salariés s'étaient réunis lundi devant les locaux de Renault Trucks à Saint-Priest (Rhône) où se tenait le CCE extraordinaire. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
REACTION - Le Premier ministre veut trouver "un autre solution" au plan social annoncé par le Suédois Volvo.

Il faut "trouver une autre solution". Manuel Valls a dit lundi "ne pas accepter" le plan social annoncé le 28 avril par le constructeur de poids-lourds Renault Trucks, propriété du Suédois Volvo, prévoyant 512 suppressions nettes de postes.

"On ne peut pas accepter le plan qui nous a été présenté. Nous suivons très attentivement cette situation avec (le maire de Lyon) Gérard Collomb, (le président de la Région) Jean-Jack Queyranne et (le ministre de l'Economie) Emmanuel Macron en nous disant qu'il faut aujourd'hui trouver une autre solution", a déclaré le Premier ministre en déplacement dans la capitale des Gaules.

512 emplois menacés. Le chef du gouvernement s'exprimait alors qu'une réunion extraordinaire du comité central d'entreprise de Renault Trucks était en cours à Saint-Priest dans la banlieue lyonnaise. L'objectif de la réunion : présenter les détails du plan social, le second en un an. Le projet prévoit la suppression de 591 postes et la création de 79 autres, soit une perte nette de 512 emplois,  principalement dans les services administratifs de l'organisation commerciale de Renault Trucks à Saint-Priest mais aussi à Vénissieux, également en banlieue lyonnaise.

En mars 2014, le groupe avait déjà annoncé 508 suppressions d'emplois en France, dont 319 dans le fief historique de l'agglomération lyonnaise, sans licenciement sec au final.

Le groupe gagne de l'argent. Ce nouveau plan passe d'autant plus mal auprès du personnel et des syndicats que les finances de Volvo s'améliorent : après des années difficiles en 2012 et 2013, son bénéfice net a presque quadruplé au premier trimestre à 457 millions d'euros, avec des ventes en hausse de 14% (dont +35% pour celles du seul Renault Trucks).

"Aujourd'hui le groupe Volvo gagne de l'argent, il est en train de regagner des parts de marché en France et en Europe, les seuls intérêts des suppressions de poste c'est pour avoir une rentabilité beaucoup plus rapide, c'est ce que demandent les actionnaires", a déploré lundi Olivier Porret, délégué syndical CFE-CGC, lors d'un rassemblement en marge du CCE à Saint-Priest. Environ 200 salariés s'étaient réunis en fin de matinée devant les locaux où se tenait le CCE extraordinaire.

Renault Trucks Defense  ERIC PIERMONT / AFP

Que peut faire l'Etat ? Cette "autre solution", Manuel Valls s'est pour l'heure bien garder de la détailler. Et pour cause : l'Etat n'a pas beaucoup de moyens de pression sur Vovlo, basé en Suède. Le gouvernement pourrait utiliser le levier de l'armée française, important client de la filiale Renault Trucks défense, pour peser sur le groupe. Mais il se refuse pour l'heure à mettre en place "un système punitif", a fait savoir François Rebsamen, le ministre du Travail, interrogé mardi sur RTL. "Les suppressions doivent être négociées", a-t-il simplement indiqué.

Selon Les Echos, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a demandé la semaine dernière une rencontre avec la direction de Renault Trucks "afin de faire état d'un certain nombre d'exigences". "A savoir la priorité donnée aux départs volontaires, un délai d'exécution du plan plus long - la direction prévoit de boucler le PSE d'ici à la fin d'année -, et des garanties sur la conservation des compétences R&D et industrielles de Renault Trucks en France". Reste à savoir s'il sera entendu.