Renault : "manipulation" ou espionnage ?

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Aurélie Frex , modifié à
- L’avocat du groupe affirme qu’"aucun renseignement" ne contredit la thèse d'espionnage.

L'avocat de Renault, Me Jean Reinhart, a démenti jeudi, en exclusivité sur Europe 1, l'existence d'une "manipulation" concernant l'accusation d'espionnage contre trois de ses cadres. "Je démens le terme de manipulation, on n'a aucun renseignement qui concourt d'une façon ou d'une autre à dire que la thèse d'espionnage n'existe pas", a-t-il affirmé.

A travers la voix de son avocat, le groupe voulait ainsi clarifier la situation, concernant les dernières révélations sur l’affaire d’espionnage, rendue publique début 2011, et qui fait actuellement l’objet d’une enquête. Mercredi, alors que Patrick Pelata, directeur général du groupe, était reçu mercredi à Matignon, des sources ont révélé que cette affaire pourrait en effet être une coquille vide, et que les salariés licenciés après avoir été accusés d’espionnage auraient pu être les victimes d'une tentative de déstabilisation du groupe.

Des révélations appuyées par des fuites venues de sources proches de l'enquête, qui affirment jeudi que l'enquête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sur l'affaire Renault n'a pour l'heure permis de mettre au jour "aucune trace d'espionnage" du constructeur automobile par des salariés.

"Je démens le terme de manipulation" dit l'avocat de Renault :<iframe class="video" src="http://www.dailymotion.com/embed/video/29136709" frameborder="0"></iframe>

"Tous les cadres doivent contribuer à l’enquête"

"M. Pelata s'est rendu à Matignon. Dans ce cadre-là a été évoqué l'affaire d’espionnage. Il a porté un message très fort au gouvernement en disant ‘je ne voudrais pas qu'il y ait une quelconque ambiguïté. Tous les cadres doivent contribuer à l'enquête et donner tous les renseignements dont ils disposent auprès de la DCRI’".

Pas de compte bancaire au Liechtenstein

Les accusations d’espionnage contre les trois cadres de Renault licenciés provenaient notamment d’informations sur l’existence de comptes à l’étranger, sur lesquels ils auraient fait transiter de l’argent. D’après l’avocat de Renault, l’enquête n’a pour le moment pas permis de déterminer si cette information, capitale, était vraie.

"Renault a déposé une plainte en janvier 2011 avec un certain nombre d'éléments très factuels et très concordants. Dans ce cadre, on a remis l'ensemble du dossier au parquet de Paris et au procureur de la République (…) Les services de renseignements interrogent les parquets de Suisse et du Liechtenstein afin de savoir si les comptes qu'on suppose existent ou non", a-t-il affirmé.

"Nous sommes dans l'incapacité ce matin de dire si nous avons été victimes d'une manipulation ou non (…) Lorsque le parquet de Paris donnera les informations sur la présence ou non de comptes à l'étranger, Renault réfléchira et réexaminera le dossier".

L'enquête menée par les autorités du Liechtenstein sur ces comptes présumés a été "sans résultat", a confié jeudi une source proche du dossier. "Le numéro de compte" fourni dans le cadre de l'enquête "n'existe pas", a précisé cette source. "Apparemment, les informations étaient fausses. L'enquête a été sans résultat".

Le témoignage d’un ex-cadre, "intéressant"

Jeudi, Philippe Clogenson, ancien directeur marketing du groupe, licencié en 2009 dans des conditions étrangement similaires, a témoigné dans la presse, et doit être entendu dans la journée par la police.

"Voilà un témoignage qui est intéressant. M. Clogenson ne porte pas plainte, il a signé une transaction avec Renault il y a plus de deux ans. Je dis simplement qu'en l'état son témoignage est intéressant parce qu'il concourt à la vérité, c'est à partir d'éléments comme celui-là qu'on va essayer de former la vérité judiciaire", estime l’avocat du constructeur automobile.