Relance : l'Allemagne tacle (de nouveau) la France

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Alexis Toulon , modifié à
Le risque de déflation augmentant, Paris voulait que la BCE mène une politique plus favorable à la croissance. Nouvelle fin de non-recevoir de Berlin.

La France souhaitait que la BCE lui donne un peu de marges de manœuvre en assouplissant sa politique monétaire. Mais Jens Weidmann, patron de la Bundesbank et du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), rappelle mercredi dans un entretien au Monde qu’avant de demander des mesures plus favorables à la relance, Paris doit se concentrer sur ses réformes structurelles. Et il balaie d’une main les inquiétudes françaises sur la déflation en Europe et ses velléités de voir la BCE racheter de la dette nationale.

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Le risque de déflation est faible. Le patron de la Bundesbank estime que la faible inflation est due à "la baisse des prix de l'énergie et des produits alimentaires, l'appréciation de l'euro jusqu'à une date récente et l'ajustement en cours dans certains pays, comme l'Espagne ou la Grèce". La faible inflation n’est donc pas la conséquence d’un report de la consommation, qui gripperait l’économie, mais le résultat des politiques menées par la BCE suite à la crise de la dette européenne.

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Un euro fort est une bonne chose. L'euro fort, avec des taux d'intérêts bas sont une bonne chose pour les entreprises et les économies européennes, assure Jens Weidmann. "La tentative d'augmenter la compétitivité de nos économies par un affaiblissement de l'euro ne devrait pas être le fondement de la monnaie unique. Une Europe forte et un euro fort vont de pair", appuie-t-il.

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Une BCE déjà bien généreuse. "La politique monétaire européenne n'a jamais été aussi accommodante et elle le sera encore plus durant un bon moment, puisque certaines mesures décidées en juin ne sont pas encore entrées en application", rappelle Jens Weidmann. Hors de question donc de négocier de nouvelles mesures avant que celles décidées en juin ne soient effectives.

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Un mandat bien défini. Le mandat de la BCE lui interdit de racheter de la dette publique. Et le patron de la Bundesbank ne souhaite pas que ce principe soit remis en cause. "Les achats d'obligations souveraines dès leur émission sont interdits par les traités communautaires. En achetant la dette publique, la BCE mutualise cette dette publique et certains États pourraient se montrer moins rigoureux en matière de discipline budgétaire", assure le patron de la Bundesbank. Autrement dit, la BCE ne financera pas les Etats, c'est à chaque pays de se montrer responsable dans sa politique budgétaire. L'Allemagne reste donc ferme sur sa ligne et renvoie chaque pays à ses responsabilités.