Qui sont les 11.000 évadés fiscaux repentis ?

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et Anne-Laure Jumet , modifié à
PORTRAIT-ROBOT- Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi un afflux des demandes de régularisation.

L’info. Le renforcement de la lutte contre les évadés fiscaux porte ses fruits. Le ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, a assuré mercredi à l'Assemblée nationale que 11.000 personnes ont déposé depuis juin 2013 des demandes de régularisation auprès du fisc. Une repentance qui devrait se traduire par une "recette potentielle de plus d'un milliard d'euros". Mais qui sont ces fraudeurs revenus au bercail ?
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Beaucoup d’héritiers. La plupart des repentis fiscaux sont qualifiés de fraudeurs "passifs" : en clair, des Français qui ont hérité de comptes que leurs parents ou grands-parents avaient ouverts en Suisse, au Luxembourg ou dans les dépendances britanniques. S’ils ont hérité de cet argent caché, ils ne veulent pas récupérer les ennuis qui vont avec. Pour ceux dont l'argent était caché en Suisse, ce sont d'ailleurs les banques helvètes qui les ont fortement incité à se déclarer. En moyenne, ils détenaient moins de 5 millions d'euros cachés. 

Des anciens expatriés. De manière moins fréquente, ces repentis sont aussi des Français qui ont vécu des périodes d'expatriation et qui avaient des comptes dans les pays de résidence mais qui n'ont pas été déclarés à leur retour en France. Ou encore des Français vivant en Savoie et travaillant en Suisse.

Des salariés d’entreprises peu scrupuleuses. On retrouve également, parmi ces régularisés fiscaux, des Français qui ont travaillé pour des sociétés proposant de grosses rémunérations… mais versées sur des comptes domiciliés dans des paradis fiscaux. C’est notamment le cas d’une Française interrogée par Les Echos et qui avait fait du lobbying pour une société canadienne. "On m'a proposé de me payer sur un compte en Jamaïque, ou en Suisse, je n'ai pas eu le choix. J'ai préféré la Suisse", explique-t-elle dans les colonnes du quotidien économique.

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Mais peu de "gros poissons"... Ce sont donc surtout les fraudeurs "passifs" qui ont tapé à la porte des services fiscaux français. Les "actifs" sont, eux, bien moins enclins à le faire. Et pour cause : ils savent qu’ils feront l’objet d’une plus grande sévérité car ils ont délibérément ouvert un compte caché.

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De plus, ces fraudeurs sont souvent plus fortunés, ce qui leur permet de recourir à des méthodes d’évasion bien plus sophistiquées. D’ailleurs, si les banquiers suisses préfèrent se débarrasser des petits fraudeurs, ils n’hésitent pas à conserver les gros clients, bien plus lucratifs. Le nombre de ces Français qui préfèrent rester dans les zones troubles de la finance internationale est estimé entre 50.000 et 200.000.

…Qu’on retrouve parmi les "exilés". Enfin, il y a les "exilés" fiscaux, qui se différencient des évadés" par le fait qu’ils respectent la loi pour mieux y échapper. Parmi eux, on retrouve également beaucoup de "gros poissons", comme le soulignait le rapport sénatorial de la Commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs, daté de juillet 2012 : "selon les chiffres publiés par Eric Pichet, professeur et spécialiste de ces questions patrimoniales, près d'un tiers de ceux qui appartiennent à la plus haute tranche de l'impôt de solidarité sur la fortune, l'ISF, - celle qui était taxée à 1,8 %, soit 700 personnes en tout - s'expatrient chaque année".

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