Qui est Jean-Marc Janaillac, le nouveau patron d’Air France KLM ?

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Actuel PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac va prendre la tête d'Air France KLM cet été, © ERIC PIERMONT / AFP
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PORTRAIT - La compagnie aérienne a trouvé son nouveau PDG en la personne de Jean-Marc Janaillac, méconnu du grand public mais reconnu dans le monde des transports.

Air France KLM a trouvé le successeur d'Alexandre de Juniac. Le comité d'administration du groupe s’est réuni dimanche pour sélectionner les candidats au poste de PDG, et il n’y en aura finalement qu’un seul : Jean-Marc Janaillac, actuel patron de Transdev. Sauf surprise de dernière minute, cet homme de 63 ans sera officiellement désigné mardi pour prendre les manettes d’Air France KLM fin juillet. Un défi de taille que ce spécialiste des transports et des négociations sociale semble en mesure de relever.

Des études aux côtés de François Hollande. C’est à la fois son atout et son point faible : après une enfance passée en Dordogne, Jean-Marc Janaillac a effectué une partie de ses études aux côtés de François Hollande, d’abord à la Haute école de commerce (HEC) puis à l’Ecole nationale d’administration (ENA), au sein de la fameuse promotion Voltaire. C’est d’ailleurs lui qui l’a conseillé pendant la campagne présidentielle de 2012 sur toutes les questions de transport. Un passé en commun qui lui permet d’avoir la confiance du président de la République mais offre un angle d’attaque à ses potentiels adversaires : le soupçon de collusion.

Mais surtout une carrière dans les transports. Au-delà de sa proximité avec François Hollande, Jean-Marc Janaillac, spécialiste des transports, a le profil idéal pour prendre les commandes d’Air France KLM. Après un début de carrière dans l’administration préfectorale, il rejoint le secteur privé et devient en 1997 directeur général adjoint de la compagnie aérienne AOM. Hormis un court passage à la tête du groupe Maeva (Centers Parcs, Pierre & Vacances), il quittera plus le secteur des transports.

Jean-Marc Janaillac rejoint d’abord en 2004 la RATP, dont il doit accélérer le développement en dehors de la région parisienne  et à l’international : sous sa houlette, la régie parisienne décroche le marché du métro d’Alger, celui du tramway de Casablanca ou encore de Florence. Puis il devient en 2012 le patron d’un autre spécialiste des transports en commun, le groupe Transdev. Cette entreprise gère des réseaux de train, de tramway, de bus, de navires ou encore de navettes aéroportuaires dans une vingtaine de pays : aux Etats-Unis, en Australie, en Suède, au Chili ou encore à Hong-Kong. Malgré cette dimension internationale, Transdev va alors mal, perd de l’argent et voit sa dette se creuser. En trois ans, Jean-Marc Janaillac réussit à redresser l’entreprise en la recentrant sur les marchés les plus stratégiques.

Une capacité de dialogue qui sera bien utile. Spécialiste des transports et habitué à gérer de grosses structures, Jean-Marc Janaillac présente donc un CV adéquat pour prendre les commandes d’Air France KLM, d’autant qu’il connaît déjà cette maison : il a été administrateur d'Air France de 1989 à 1994. Et il dispose d’un autre atout, tout aussi important : une capacité à gérer les conflits. C’est notamment lui qui a dû s'occuper du complexe dossier de la SNCM, la compagnie maritime assurant la liaison Corse – continent étant en partie détenue par Transdev. N’étant pas arrivé à réformer la société marseillaise, il s’en est désengagé moyennant 62 millions d’euros.

Une expérience du dialogue social musclé qui lui sera bien utile chez Air France, qui peine à se réinventer. La compagnie aérienne perd de l’argent et du terrain depuis des années et doit regagner en compétitivité mais les syndicats de pilotes, historiquement très influents dans l’entreprise, s’opposent farouchement à la feuille de route proposée par la direction. Résultat, le dernier plan censé permettre à Air France de redécoller, baptisé "Perform 2020", est dans l’impasse depuis septembre 2015. Et les tensions entre les différents corps de métier ne cessent de monter, les personnels au sol et de cabine reprochant aux pilotes d’avoir fait moins d’efforts et de bénéficier d’un régime de faveur. Dans ce contexte, les qualités de négociateur de Jean-Marc Janaillac ne seront pas de trop pour pacifier un dialogue social très tendu.