Quand la route devient "solaire" et produit de l’électricité

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avec François Geffrier
INNOVATION - La société Colas a présenté mardi des dalles à coller sur le bitume et intégrant des cellules photovoltaïques.

Plus discret qu’une éolienne et plus simple à installer qu’un panneau photovoltaïque : avec son projet de "route solaire", l’entreprise Colas a peut-être trouvé le meilleur moyen de produire de l’électricité de manière renouvelable. Cette société spécialisée dans l'entretien des infrastructures routières, filiale de Bouygues, a dévoilé mercredi ses dalles baptisées "Wattway".

Des mini-panneaux solaires en forme de carrelage. Développées depuis cinq ans avec l'Institut national de l'énergie solaire (Ines), les dalles "Wattway" sont posées et collées directement sur la route, sans travaux de génie civil. Epaisses de quelques millimètres, elles comprennent des cellules photovoltaïques de 15 centimètres de côté constituant une très fine feuille de silicium polycristallin. Elles sont "enrobées dans un substrat multicouches composé de résines et de polymères, suffisamment translucides pour laisser passer la lumière du soleil et assez résistants pour supporter la circulation de poids lourds", explique Colas.

L'adhérence des dalles aux roues des véhicules est équivalente à celle des enrobés routiers traditionnels et elles ne nécessitent pas d'entretien particulier, le vent et le roulement des véhicules les dépoussiérant.

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Une solution énergétique pour les zones isolées. Mais quelle est l’efficacité d’une telle technologie ? "Avec une surface de l’ordre de 20 mètres carrés, ce qui correspond à peu près à deux places de parking, on est capable d’alimenter un foyer dans sa consommation électrique. Un kilomètre de chaussée permet d’alimenter l’éclairage public d’une ville de 5.000 habitants", détaille pour Europe 1 Philippe Raffin, le directeur technique de la recherche et développement chez Colas.

Cette technologie peut donc devenir une source non négligeable d’énergie, dans les zones urbaines qui en consomment le plus mais aussi et surtout dans les zones les plus enclavées, où la faible densité de population rend les coûts de raccordement au réseau électrique prohibitifs. La route solaire "permettra de créer des infrastructures de production d'énergie locales et pérennes, en circuit court", assure Colas.

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C’est pour quand ? "Aujourd'hui réalisée par un laboratoire de l'Ines, la fabrication des panneaux photovoltaïques passera au stade industriel dans un avenir proche", indique Colas. Leur commercialisation est déjà lancée pour des sites pilotes de 20 m2 à 100 m2. À terme, le groupe prévoit de vendre son produit autour de 6 euros par wattcrête.

Une concurrence déjà forte. Dans les mois qui viennent, Colas va mener des tests grandeur nature, dans plusieurs communes de France. Car le temps presse : les concurrents sont également dans les starting blocks avec des projets similaires. L'idée de "route solaire" a d’ailleurs déjà été expérimentée aux Pays-Bas, où la première piste cyclable solaire au monde, construite sur 70 m au nord d'Amsterdam grâce à plusieurs modules en béton de 2,5 mètres sur 3,5 mètres recouverts de panneaux solaires, a été lancée en 2014.

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Energie solaire : un secteur désormais rentablepar Europe1fr