Projet nucléaire Hinkley : les députés britanniques s'alarment du coût pour les consommateurs

Hinkley
La construction de la centrale nucléaire Hinkley Point C a obtenu le feu vert des pouvoirs britanniques en septembre 2016. © AFP
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avec AFP , modifié à
Un rapport parlementaire britannique publié mercredi dénonce les risques de surcoût et de retard dans la construction de la centrale nucléaire EDF. 

Le gouvernement britannique est responsable de "graves erreurs stratégiques" dans la conduite du projet nucléaire Hinkley Point d'EDF, qui va coûter bien trop cher aux consommateurs, dénonce un rapport parlementaire publié mercredi à Londres.

Mise en service en 2025 au plus tôt. La commission aux comptes publics de la Chambre des communes ne mâche pas ses mots dans ce document qui pointe les lourdes conséquences sur les ménages britanniques de la construction de la centrale nucléaire Hinkley Point C, qui a obtenu le feu vert des pouvoirs publics en septembre 2016. Symbole du renouveau nucléaire dans le pays, le projet consiste à édifier deux réacteurs de type EPR dans le sud-ouest de l'Angleterre, pour une mise en service prévue fin 2025 au plus tôt. La construction, qui a déjà commencé, devait coûter 19,6 milliards de livres (22 milliards d'euros). 

Une facture de 30 milliards de livres. Les auteurs du rapport regrettent que le gouvernement n'ait pas prévu de revoir les termes du contrat, malgré le fait que le surcoût sur la facture des consommateurs pourrait s'élever à 30 milliards de livres en raison d'un prix élevé de l'électricité garanti par les autorités à EDF et à son partenaire chinois. En utilisant ce chiffre, la commission reprend à son compte une récente étude du contrôleur des comptes britanniques, le National Audit Office (NAO), qui avait calculé la différence cumulée sur plusieurs années entre les prix du marché de gros de l'électricité et celui garanti à l'exploitant, actuellement plus élevé.

Risque de retard. "Le gouvernement a fait de graves erreurs stratégiques à cet égard et doit maintenant expliquer ce qu'il va faire pour faire en sorte qu'elles ne soient pas répétées", écrit la présidente de la commission, Meg Hillier. Selon le rapport, le ministère des Entreprises, qui encadre le nucléaire, s'est bien gardé de renégocier le contrat, puisqu'un tarif plus bas promis aux promoteurs aurait entraîné un retrait de ces derniers et un échec ou un retard du projet. La commission souligne que les autres projets similaires utilisant le réacteur EPR (en France, Finlande et Chine) ont tous enregistré des surcoûts ou des délais, pointant un risque de retard.

Certaines technologies alternatives à faible émission sont désormais meilleures marché que le nucléaire, souligne en outre le rapport. La commission demande en conséquence au gouvernement de réévaluer et de publier sa stratégie sur le nucléaire avant de donner son feu vert à tout nouveau projet de centrale.