Loi El Khomri : entre 224.000 et 500.000 manifestants dans toute la France

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Le cortège des manifestants déambulant dans les rues de Lyon. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP , modifié à
BRAS DE FER - Le décompte est très variable selon les sources. Seule certitude, syndicats et organisations de jeunesse appelaient à manifester mercredi contre la loi El Khomri.

La fronde contre le projet de réforme du droit du travail s'est traduite dans la rue, mercredi, avec les premières manifestations contre le texte de Myriam El Khomri. A l'appel de plusieurs syndicats et d'organisations de jeunesse, près de 200 manifestations ont eu lieu en métropole : elle ont rassemblé entre 224.000 et 500.000 personnes, selon qu'on prenne les décompte des syndicats ou des préfectures. Hasard du calendrier, cette journée de manifestation a coïncidé avec un mouvement de grève des cheminots qui perturbe fortement les transports ferroviaires et en commun. 

Les principales infos à retenir :

  • Entre 224.000 et 500.000 personnes ont manifesté à travers toute la France, selon les sources. A Paris, ils étaient entre 27.000 et 100.000.
  • L'Unef a appelé à une nouvelle journée d'action le jeudi 17 mars.
  • Cette journée a coïncide avec une grève à la SNCF et la RATP qui doit durer jusqu'à jeudi matin. La SNCF a annoncé 35,5% de grévistes dans ses rangs.
  • Comment se traduit la mobilisation en France ?

Près de 100.000 personnes ont défilé à Paris pour réclamer le retrait du projet de loi, d'après le décompte des organisateurs. La préfecture estime leur nombre entre 27.000 et 29.000. Au niveau national, les organisateurs revendiquent entre 400.000 et 500.000 manifestants, tandis que le ministère de l'Intérieur a estimé qu'ils étaient 224.000.

En tête du cortège figuraient notamment les numéros un de la CGT (Philippe Martinez), de FO (Jean-Claude Mailly) et de la FSU (Bernadette Groison), sous une sobre banderole : "Code du travail : retrait du projet de loi El Khomri". Après s'être rendu aux abords du ministère du Travail, le cortège s'est rendu place de la République pour rallier les cortèges mobilisés par les organisations de jeunesse (Unef, UNL et Fidl pour les lycéens) et les organisations politiques de la jeunesse (Jeunes communistes, Parti de gauche, Europe Ecologie-Les Verts...). Une quinzaine de parlementaires PS frondeurs ont par ailleurs participé au défilé parisien, dont Christian Paul et Laurent Baumel. 

Près de 200 manifestations ont également été organisées à travers toute la France : la préfecture a comptabilisé environ 9.500 manifestants à Bordeaux, 7.000 à Lyon, 5.000 à Marseille, tandis que la police a dénombré 4.500 manifestants à Rouen. En revanche, la manifestation lyonnaise s'est terminée dans la confusion, les forces de l'ordre ayant dispersé le rassemblement à coups de gaz lacrymogène.

Ces manifestations tous azimuts "contre la casse du Code du travail" sont présentées comme un premier tour de chauffe avant la mobilisation du 31 mars, à l'appel de sept syndicats. "C'est comme un apéro avant le plat de consistance", a résumé le leader de FO, Jean-Claude Mailly.

  • Quelle est la situation dans l'Education nationale ? 

Une centaine de lycées en France, dont une quarantaine en Ile-de-France, ont fait l'objet d'un blocage, total ou filtrant, selon l'UNL, un des principaux syndicats de lycéens. Quelques centaines de lycéens se sont retrouvés ensuite place de la Nation à Paris en fin de matinée, avant le rassemblement contre le projet de loi Travail place de la République à partir de 14 heures. L'Union nationale lycéenne (UNL) s'est dite "très satisfaite" de cette mobilisation. Une porte-parole l'a qualifiée d'"inédite" pour une première journée d'action, "avec aussi peu de temps pour la préparer".

  • Ce projet de loi vise-t-il particulièrement les jeunes ? 

Si les jeunes redoutent d'être les premiers à faire les frais de la loi El Khomri, le secrétaire général de la CFDT est d'un tout autre avis. Les jeunes "manifestent une inquiétude, notamment sur les conditions d'entrée sur le marché du travail", a observé Laurent Berger lors de l'émission "Questions d'info" LCP-France Info-Le Monde-AFP. Pour autant, "cette loi, qui est imparfaite, que je conteste aujourd'hui telle qu'elle est écrite, est-ce qu'elle fait empirer la situation les concernant? La réponse est sans doute non", a-t-il ajouté. Selon le numéro un de la CFDT, "il n'y a pas de mesure antijeunes dedans", contrairement au Contrat première embauche il y a dix ans, qui était "clairement ciblé sur les jeunes".

  • Et dans les transports ? 

Si le trafic est quasi-normal à la RATP - à l'exception du RER B -, la situation est en revanche bien plus compliquée à la SNCF : environ un train sur trois circule mercredi, qu'il s'agisse des TGV, des lignes régionales ou franciliennes. Des perturbations sont à prévoir jusqu'à jeudi matin.

 "La journée est vraiment compliquée", a résumé un porte-parole de la SNCF, ce que confirment les chiffres : la direction a annoncé un taux de grévistes de 35,5%. Il a dépassé 60% chez les conducteurs et contrôleurs et plus de 10% chez les cadres, a précisé à l'AFP l'Unsa. Pourtant, les grévistes n'ont pas grand chose à voir avec le projet de loi El Khomri : prévue de longue date, leur mobilisation visait d'abord à défendre le statut de cheminot.

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  • Qu'en dit le gouvernement ? 

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll s'est exprimé en fin de matinée pour souligner qu'il "est nécessaire d'écouter (...) les revendications qui sont portées par les syndicats, d'être ouvert au dialogue". Mais le gouvernement reste sur son "idée directrice: la France fait ce qu'elle a à faire dans le domaine du droit du travail. Elle ne copie pas les autres pays européens (...) Elle le fait avec le souci de préserver son modèle social, tout en l'adaptant", a-t-il ajouté.

  • De nouvelles manifestations prévues dès le 12 mars

Le front syndical est parti divisé contre le projet de loi de la ministre du Travail : la CGT, FO, FSU et Solidaires appelaient à manifester ce mercredi, tandis que les syndicats "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et la Fage (étudiants) ont décidé d'organiser une autre journée de mobilisation, le 12 mars prochain. De son côté, le syndicat étudiant Unef a appelé les étudiants à une nouvelle journée de mobilisation prévue le jeudi 17 mars. Puis ce sera à nouveau au tour de la CGT et de FO de descendre dans la rue le 31 mars prochain.

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  • Quel est l'objet de la contestation ?

Au cœur de la contestation contre la loi travail : la réforme du licenciement économique, apparue à la dernière minute, et le plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif. Deux mesures perçues comme des concessions excessives au patronat, et qui font craindre une hausse des licenciements. Pour les organisations étudiantes, les jeunes, déjà durement confrontés à la précarité du travail, en seraient les principales victimes. Le projet "trahit la jeunesse", estime William Martinet, président de l'Unef, le premier syndicat étudiant.

  • Quelle est la réponse du gouvernement ?

 Face à la bronca, avec notamment une pétition de plus de 1,2 million de signataires en ligne, le gouvernement a reporté au 24 mars la présentation du projet.  Manuel Valls a entamé lundi sur deux fronts sa bataille pour le texte : le PS d'un côté (beaucoup de députés socialistes menacent de ne pas voter le projet en l'état), les partenaires sociaux de l'autre. Il a poursuivi les concertations mercredi avant une réunion plénière le 14 mars. Le Premier ministre a promis des "améliorations", mais ses marges de manoeuvres semblent étroites, entre des syndicats qui demandent à l'unanimité le retrait du plafonnement des indemnités et un patronat qui met en garde contre un "affadissement" de la réforme.

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