Pourquoi le taux du livret A doit baisser

© GUILLAUME BAPTISTE/AFP
  • Copié
Invité mercredi d'Europe 1, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a répété sa volonté de baisser le taux du célèbre placement. Europe1.fr vous explique pourquoi.

La rémunération du livret A va-t-elle tomber sous le 1% au 1er août ? C'est en tout cas ce que souhaite la Banque de France (BdF). Christian Noyer, son gouverneur, l'a confirmé mercredi sur Europe 1. Le taux d'intérêt du célèbre placement est principalement calculé en fonction de l'inflation. Mais le gouvernement, qui le réévalue deux fois par an, peut décider d'un taux plus élevé, pour préserver le pouvoir d'achat des épargnants. C'est ce qui s'est passé en janvier dernier : le taux aurait dû être de 0,75%, il a été maintenu à 1%.

"On ne peut plus tergiverser". Mais pour Christian Noyer, on ne peut plus continuer comme ça. "Je considère que c'est ma responsabilité. J'ai toujours eu à cœur de défendre le pouvoir d'achat du livret A. Mais on peut le faire en aidant à redémarrer l'économie, en aidant à relancer le logement social, en aidant à faire baisser le chômage. C'est la politique de la BCE, qui baisse ses taux. Il faut prendre des décisions. On ne peut plus tergiverser", défend mercredi sur Europe 1 celui qui est aussi membre du conseil de gouvernance de la Banque centrale européenne, pour argumenter sa proposition d'une baisse du taux "en dessous de 1%". Mais le taux est-il vraiment si haut ?

Bas pour le consommateur…. Si on devait s'en tenir à la formule mathématique, le taux des 63 millions de livret A devrait baisser aux alentours de 0.5%. Une décision difficile à prendre pour le gouvernement. Car 0,5%, ça ne rapporte pas beaucoup aux Français. La plupart des épargnants ont moins de 1.500 euros sur leur livret. 0,5%, cela représenterait un rendement de… cinq euros par an.

… Haut pour l'économie. Pourtant, 1% de rémunération, c'est beaucoup pour un placement comme le livret A. Il n'est pas prévu pour une rémunération aussi élevée par rapport à l'inflation actuelle, qui est de 0,3%. Rémunérer les épargnants coûte de l'argent aux banques, qui en ont, de fait, moins pour investir dans l'économie. En outre, cela coûte cher aux bailleurs sociaux : l'argent du livret A est principalement destiné à financer les logements sociaux. Et si emprunter coûte trop cher aux bailleurs, ils construisent moins. La Banque de France estime que ce sont 5.000 logements sociaux qui n'ont pas été construit l'année dernière à cause de ces taux trop élevés.

Pour l'instant, aucune réponse du côté de l'exécutif, qui doit trancher dans les semaines qui viennent.