Pourquoi General Electric aurait intérêt à racheter Alstom ?

Alstom, malgré ses résultats compliqué serait une affaire parfaite pour General Electric.
Alstom, malgré ses résultats compliqué serait une affaire parfaite pour General Electric. © Reuters
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Damien Brunon
BONNE AFFAIRE - Outre l’intérêt économique que représente l’entreprise française outre-Atlantique, cette dernière serait un allié de poids sur le marché ferroviaire américain.

L’INFO. Le coup de l’année pour General Electric ? Selon les informations de l’agence de presse spécialisée Bloomberg, l’entreprise américaine serait sur le point de racheter Alstom pour treize milliards de dollar, soit neuf milliards d’euros. Les deux groupes ne confirment pas l’information, mais la Bourse semble y croire, puisqu’à l’ouverture à Paris jeudi, l’action d’Alstom s’est appréciée e 13,7%. Pour GE, l’entreprise française représente une proie facile qui pourrait être un allié idéal pour rénover le système ferroviaire américain.

Qui est General Electric ? Fondé en 1892, le conglomérat américano-canadien est l’une des plus importantes entreprises mondiales. Classée à la 24ème position des entreprises en terme de chiffre d’affaires en 2012 par le magazine économique Forbes, elle couvre énormément de domaines, de l’aviation à l’éclairage en passant par les moteurs et l’équipement médical.

Si son siège social est situé à Fairfield, dans le Connecticut, GE compte plusieurs dizaines de filiales dans le monde et est présente dans plus de 140 pays. Valorisée à près de 47 milliards de dollars en 2013, elle était classée 6ème en terme de capitalisation boursière, derrière les géants Apple, Google, Coca-Cola, IBM et Microsoft.

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Les atouts d’Alstom. “C’est un très beau produit. Ils ont des technologies sur la grande vitesse, sur les centrales électriques et beaucoup d’autres domaines où ils sont excellents”, analyse Yves Crozet, chercheur spécialisé dans l’économie des transports. Si l’entreprise a connu des difficultés ces dernières années, notamment lors de son sauvetage par l’Etat au début des années 2000, elle est toujours vue comme une entreprise de pointe.

Problème : les marchés d’Alstom se réduisent progressivement. Leader mondial dans les turbines de centrales hydrauliques, l’entreprise est à la peine dans ses autres domaines d’activité. Spécialisée dans l’énergie, elle souffre de la concurrence des gaz de schiste et du retour du charbon. En matière de transports, où elle a notamment une grosse activité dans le ferroviaire, les marchés arrivent à saturation. “C’est arrivé pour les automobiles, ça va être le cas pour les TGV”, précise Yves Crozet. Il reste cependant un client que le TGV intéresse : les Etats-Unis...

Les Etats-Unis, un marché XXL. La revente potentielle à l’Américain General Electric aurait d’autant plus de sens que le ferroviaire a le vent en poupe outre-Atlantique. Afin de désengorger le trafic aérien des Etats-Unis, Barack Obama pousse depuis son entrée à la Maison-Blanche à créer des lignes à grande vitesse.

Dès 2010, le gouvernement américain avait présenté un grand plan de développement de ces lignes. GE s’était allié à l’époque avec le Ministère des chemins de fer chinois pour fournir le matériel adéquat. “Il y a des obstacles fabuleux au développement des lignes à grande vitesse, tempère néanmoins Yves Crozet. La primauté donnée aux Etats-Unis à la propriété privée rend les expropriations très compliquées à réaliser. Il ne faut pas croire qu’on va mettre 50 lignes à grande vitesse là-bas dans les années qui viennent”. Mais l’intérêt est bien là et une ex-entreprise française passée sous pavillon américain aurait toute ses chances.

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Le protectionnisme favorise les entreprises “Made in USA”. Depuis 1953, les Etats-Unis poussent constamment les collectivités à acheter américain quand elles lancent des marchés publics. Le Buy American provision, adopté en 2009, réserve d’ailleurs les financements accordés dans le cadre du plan de relance de l’économie aux projets d’infrastructures utilisant du fer et de l’acier issus d’entreprises américaines. Et justement, dans ce plan de relance sont réservés treize milliards de dollars au développement ferroviaire.

De manière générale, le pays a besoin de remettre à flot son réseau ferroviaire. En effet, quasiment délaissé au profit de l’aviation, ce dernier, pourtant symbolique de la conquête de l’Ouest, est à bout de souffle. “Il y aura des efforts de rénovation sur des grandes lignes à réaliser. La ligne New-York/Washington, par exemple, est très utilisée et est pourtant d’un archaïsme incroyable”, précise Yves Crozet. “Les Etats-Unis ont besoin d’améliorer leur système ferroviaire et là, Alstom a de vraies compétences”, conclut le spécialiste.

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