Pourquoi GDF-Suez devient Engie ?

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Noémi Marois
BAPTÊME BIS - Le groupe français a annoncé vendredi qu'il allait changer son nom pour "Engie". De quoi internationaliser son image et démontrer qu'il ne se limite plus au gaz.

La très connue Gaz de France-Suez va devenir "Engie". C'est ce qu'a annoncé le groupe vendredi, avant une deuxième déclaration mardi lors de l'assemblée générale du groupe. GDF-Suez, dont l'Etat est le principal actionnaire, est actuellement un des plus gros producteurs mondiaux d'électricité et de gaz avec ses 150.000 salariés et un chiffre d'affaires de 74,7 milliards d'euros en 2014.

Un nouveau nom pour un nouveau groupe. Ce changement de nom intervient alors que l'énergéticien a présenté début avril un projet de réorganisation du groupe prévu pour 2016. Axé davantage sur les territoires que sur les métiers, il se donne pour but d'"accélérer son développement" en étant plus réactif et en se rapprochant de ses clients. La future Engie souhaite aussi se réorganiser en zones géographiques pour remplacer sa division actuelle en branches. 
Un plan qui arrive à point nommé dans un contexte européen difficile pour les groupes producteurs d'énergie. Les consommations de gaz et d'électricité sont en effet aujourd'hui atones, voire en baisse. 

Du gaz mais pas que. En s'appelant GDF-Suez, le groupe français a le gaz qui lui colle à la peau. En changeant de nom, il veut donc démontrer que le gaz n'est pas sa seule compétence. Le groupe veut en effet miser pour l'avenir sur les énergies renouvelables.Gérard Mestrallet, président-directeur de GDF-Suez, le rappelait dans une tribune dans Le Monde le 16 avril : "en 2015, nous allons atteindre notre objectif d’augmenter de moitié la part d’énergies renouvelables dans nos capacités de production électrique, avec l’objectif de doubler cette part à l’horizon 2025 en Europe". 

Un nom international. Avec Engie, le groupe souhaite ainsi internationaliser son nom et améliorer sa réception à l'étranger. Le franco-français Gaz de France-Suez se transforme donc en optant pour un nom à consonance anglo-saxonne mais aussi facilement prononçable dans beaucoup de langues. 

Orange, Alstom, PPR aussi ont changé de nom. GDF-Suez n'est pas la première à vouloir rénover son image en changeant de nom. Alsthom, fusion de "Alsace" et de "Thomson", a décidé en 1998 de renoncer son "h", imprononçable pour les anglophones, pour devenir Alstom. 

Plus proche de nous, en 2013, le groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute) devient Kering, un nom à l'anglo-saxonne assumé par son patron, François-Henri Pinault qui soulignait alors que sa prononciation était proche du mot "caring", prendre soin en français. 

La même année, l'ancien France Télécom est devenu… Orange, un nom facilement exportable. 

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© DERRICK CEYRAC / AFP

Une appellation qui va difficilement s'oublier. Pour autant, un changement de nom ne s'improvise pas, surtout  quand l'appellation abandonnée est imprimée dans les consciences. Ce qui est le cas de Gaz de France. Née en 1946 en même temps qu'EDF et que la Lyonnaise des eaux dans le cadre d'une loi de nationalisation, l'appellation a ainsi 70 ans d'histoire derrière elle et a fait partie du quotidien de trois générations de Français. Malgré sa fusion en 2008 avec Suez, les voitures et camionettes bleu roi, du temps où GDF était accolée à EDF, sont encore dans les esprits. Alors, il faudra plus qu'une annonce pour que les Français adoptent Engie. 

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