Pourquoi Adidas rapatrie ses baskets en Europe ?

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Adidas a l'intention de relocaliser une partie de sa production de baskets en Europe © CHRISTOF STACHE / AFP
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ÉCONOMIE - L’équipementier sportif allemand a décidé de relocaliser une partie de sa fabrication de baskets en Europe, en Allemagne plus précisément. Explications.

Adidas est de retour en Allemagne. L'équipementier sportif allemand, créé en 1944, a décidé de revenir au pays pour y fabriquer une partie de ses baskets, sans délaisser pour autant la Chine, rapporte Le Figaro. Adidas a annoncé l'ouverture d'une usine automatisée en Allemagne début 2016. Un modèle exportable ensuite en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. L'objectif pour Eric Liedtke, directeur mondial d'Adidas ? "Produire près de nos marchés".

Des ouvriers chinois trop chers. Ils l'ont tous fait ces dernières décennies. Les industriels d'Europe et d'Amérique du Nord ont délocalisé massivement en Asie, à la recherche de coûts de production moins cher. Mais ce qui était vrai il y a dix ans l'est beaucoup moins en 2015.

La Chine est ainsi devenue moins attractive aux yeux d'Adidas. Les ouvriers y sont moins nombreux à cause de la politique de l'enfant unique, mais aussi plus chers. Leurs salaires, même s'ils restent plus bas que ceux des ouvriers européens, ont augmenté de 14% en 2012 et de 10% les deux années suivantes. Les ouvriers chinois y sont aussi devenus moins malléables. A force de grève, ils obtiennent souvent des avancées sur leurs droits.

Des délais de fabrication trop longs. Autre désagrément lié à une fabrication en Asie dont Adidas ne veut plus : des délais trop longs entre la commande passée à l'usine et lla livraison en Europe. Actuellement, il faut même attendre 18 mois entre la conception d'une basket et son arrivée en magasin, dont 77 jours sont consacrés à la route maritime entre l'Asie et l'Europe. A une époque où les modes se succèdent de plus en plus vite, une basket ne peut plus attendre un an et demi avant de séduire les consommateurs. Même si les usines d'Asie seront conservées, Adidas mise, avec son usine bavaroise, sur un délai de 45 jours seulement.

Adopter le "fast fashion". En revenant en Europe, l'équipementier allemand veut en revenant copier le modèle de Zara qui pratique ce qu'on appelle la "fast fashion". Ce dernier, qui ne se contente plus d'une collection printemps-été et d'une collection hiver, renouvelle régulièrement les produits proposés en magasin.

Moins de transports : moins de pollution. Dernière raison pour Adidas de revenir dans son bercail allemand : l'environnement. Ses produits fabriqués en Asie doivent en effet être rapatriés par porte-conteneurs en partie en Europe et en Amérique du Nord, là où se trouvent les acheteurs. Mauvais pour l'empreinte carbone de la marque. Fabriquer au plus près des marchés est en tout cas une stratégie payante selon Axel de Tarlé, consultant économie pour Europe 1 : "Aujourd'hui, les consommateurs n'acceptent plus cette grande transhumance des marchandises qui font plusieurs fois le tour de la Terre avant d'arriver chez nous".

Actuellement, même si des porte-conteneurs se convertissent en partie à l'électricité et améliorent leur efficacité énergétique pour moins consommer, beaucoup utilisent du pétrole dit "lourd" qui contient 2.000 fois plus d'oxyde de souffre que le diesel utilisé dans une voiture.

Des baskets plus chers ? Le coût d'un salarié européen étant plus élevé que celui d'un Chinois ou d'un Vietnamien, le consommateur peut-il craindre que sa paire de baskets lui revienne plus cher ? "Non, car l'usine en cours de construction en Bavière sera entièrement automatisé", analyse Axel de Tarlé. "Zéro intervention humaine, zéro couturière, que des robots", ajoute-t-il. Pas étonnant de la part de l'Allemagne, pays d'Europe où les industries sont déjà les plus automatisées. Mais si cette relocalisation est bonne pour les affaires d'Adidas, son impact pour l'emploi local ne sera sans doute pas très important.


Adidas va relocaliser sa production en Europepar Europe1fr