Port de Marseille : la CGT accablée

La Cour des comptes relève les conditions de travail avantageuses et les salaires généreux des travailleurs portuaires marseillais.
La Cour des comptes relève les conditions de travail avantageuses et les salaires généreux des travailleurs portuaires marseillais. © MAXPPP
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avec Mélanie Taravant et Nathalie Chevance , modifié à
Les syndicalistes ont vivement réagi au rapport très virulent de la Cour des Comptes.

Le bras de fer continue dans les ports français, entre la puissante CGT des ports et docks d’un côté, et le patronat et le gouvernement de l’autre. Et le rapport de la Cour des comptes sur le port de Marseille, qu’Europe 1 s'est procuré, ne devrait pas être de nature à calmer les esprits. Car la juridiction se montre très critique avec le syndicat.

D’abord parce que, estime-t-elle, les travailleurs portuaires bénéficient de conditions de travail avantageuses. Côté pénibilité, sujet au cœur du conflit actuel, les magistrats semblent perplexes : un "portiqueur" marseillais travaillerait ainsi 12 heures par semaine, soit trois heures par jour seulement, si l'on prend en compte le temps de conduite effectif.

Les salaires ont augmenté de 21% en quatre ans

Le tout avec une paie généreuse. Les Sages reviennent sur le maquis des primes et des indemnités, au nombre de 132 au total. Le salaire net mensuel moyen d'un docker passe ainsi de 2.700 euros, à 4.400 euros, après primes. Des salaires qui augmentent en outre chaque année. En quatre ans, ils ont grimpé de 21%, selon les notes de la Cour des comptes.

Les Sages remarquent que le climat social s'est dégradé avec le règne d'un seul et unique syndicat, la CGT. Le rapport s'inquiète de voir la volonté de réforme se déliter trop souvent sous la pression de l’organisation.

"La CGT c'est un cancer"

Un rapport qui a fait aussitôt réagir le patronat. "Aujourd'hui ce qui est grave c'est qu'avec ce salaire là et ces conditions là, ils détruisent l'emploi des autres et font perdre des parts de marché à notre économie", martèle Jean-Luc Chauvin, président de l'UPE 13, au micro d'Europe 1. Et ce discours est relayé par les politiques. "Pour moi la CGT c'est le cancer qui tue progressivement le port de Marseille" réagit Roland Blum, premier adjoint au maire de Marseille. "On ne peut pas accepter que du personnel portuaire continue à perturber ainsi l'activité économique de la deuxième ville de France", ajoute-t-il.

Les dockers, de leur côté, ont vivement réagi à la publication du rapport de la Cour des Comptes. "On en a marre que chaque fois on tape sur nous et on dise des choses fausses. Où vous avez vu qu’un patron est prêt à donner 4.500 euros par mois à qqn pour travailler 2 heures par jour ?", s'est emporté Jean-Luc, docker depuis 30 ans, au micro d'Europe 1. Pour lui, "la tactique du gouvernement et des médias c'est de nous faire passer pour des vilains de service".

"6 à 8 ans d'espérance de vie en moins" pour les dockers

Et sur les accusations d'être le "cancer du port", le secrétaire général des dockers, Daniel Manca, a invité Roland Blum "à voir les conditions dans lesquelles (les dockers) travaillent". Selon le syndicaliste, un salarié portuaire a "6 à 8 ans d'espérance de vie en moins" par rapport à un autre salarié.

En attendant, la grève des dockers s'enlise déjà depuis trois semaines, et menace 40.000 emplois.