Pollution : faut-il se méfier des nouvelles pastilles ?

Les pastilles vont du bleu, réservé aux voitures électriques non polluantes, au gris, pour les voitures les plus polluantes (les diesels et essences datant d'avant 1996).
Les pastilles vont du bleu, réservé aux voitures électriques non polluantes, au gris, pour les voitures les plus polluantes (les diesels et essences datant d'avant 1996). © DAMIEN MEYER/AFP
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avec Baptiste Cordier , modifié à
DEBAT - Ségolène Royal lance un nouveau dispositif anti-pollution. Les maires, qui seront libres de l'utiliser ou non, sont pour l'instant partagés.

De quelle couleur sera votre pastille ? Ségolène Royal a annoncé mardi la création d'un nouveau dispositif anti-pollution : sept pastilles de plusieurs couleurs, à coller sur le pare-brise de votre véhicule. Cela va du bleu, réservé aux voitures électriques non polluantes, au gris, pour les voitures les plus polluantes (les diesels et essences datant d'avant 1996). Ces pastilles pourront être commandées sur internet dès le 1er janvier prochain, mais elles ne seront pas obligatoires. Le gouvernement veut laisser aux mairies le soin de se servir de ce nouveau code couleur… ou non.

>> Pour l'heure, tous les élus n'attendent pas ces pastilles avec le même enthousiasme. Europe 1 interrogé Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, qui a déjà manifesté son intention de s'en servir, et Maryse Joissains-Masini, maire d'Aix-en-Provence, beaucoup plus sceptique.

"Sortir du tout ou rien". "Elles permettront de sortir du 'tout ou rien'", estime Eric Piolle, l'édile grenoblois. "Aujourd'hui, en cas de pic de pollution, soit vous ne faîtes rien, soit vous mettez en place la circulation alternée (les voitures avec une plaque d'immatriculation paire restent garées tel jour, et peuvent circuler le lendemain)", constate-t-il. Le maire écologiste, inspiré, enchaîne : "désormais, on va pouvoir mettre en place des zones de restriction de circulation en cas de pic, autour d'un large périmètre de centre ville par exemple. Seules les voitures avec les meilleures pastilles pourront y circuler. Nous aurons une réunion avec le préfet le 9 juin pour déterminer quelles couleurs de pastille seront concernées, et dans quelles zones".

"Je me méfie". Pour Maryse Joissains-Masini (Les Républicains, ex-UMP), en revanche, il faut prudence garder. La maire provençale réunira prochainement son conseil municipal pour trancher. Mais pour l'instant, elle reste sceptique."Derrière ce genre d'annonces nouvelles, qui ont tendance à s'accumuler, il y a des vies, des personnes avec des vieux véhicules et qui ne sont pas forcement argentées. Il faut faire attention à l'application de telles mesures", estime-t-elle. "Ces mesures peuvent être extrêmement pénalisantes. Je ne sais pas si celle-là est la bonne ou non, mais je me méfie des mesures que l'on annonce comme ça pour faire des effets de communication", renchérit l'élue, soucieuse de "faire attention aux centres villes". Il y a un "risque que tout le monde aille au supermarché" si la voiture est bannie du centre-ville, conclut-elle.

Comment accompagner le conducteur ? Les élus semblent toutefois s'accorder sur une chose : cette restriction, dans les villes où elle sera appliquée, ne doit pénaliser personne. Pour Eric Piolle, "social et environnemental doivent aller de pair. Ce type de mesures doit s'accompagner d'une nouvelle solidarité tarifaire dans les transports en commun, de plus d'espaces pour les vélos, d'une ville plus adaptés au piéton". Maryse Joissains-Masini, elle, insiste sur la nécessite de "mesures compensatoires pour les gens qui n'ont pas les moyens". Et de conclure : "si elle se fait, la mise en place de ces pastilles doit être progressive. La voiture est le mode de transport des gens depuis des décennies. Il ne faut pas tout changer d'un coup".