Plusieurs kilos de plutonium "découverts" à Cadarache

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Entre 15 et 30 kilos de plutonium, selon les sources, ont été découverts sur ce site nucléaire. "Scandaleux", pour Chantal Jouanno.

Il aura fallu quatre mois pour que l’incident soit rendu public : en juin dernier, plusieurs kilos de plutonium, une substance radioactive dont un seul milligramme peut provoquer un cancer, ont été découverts sur un site du Commissariat à l’énergie atomique, le CEA, à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône, lors de travaux de démantèlement de ce site nucléaire. Cet "incident" a été classé au niveau 2 sur l’échelle de gravité des évènements nucléaires, qui en compte 7.

Alors que les dépôts de plutonium de "l'atelier de technologie du plutonium" de Cadarache avaient été évalués "à environ 8 kilos" pendant la période d’exploitation de l’installation, c’est une quantité de plutonium au moins trois fois plus élevée qui a d’ores et déjà été découverte sur le site, entraînant une suspension des travaux de démantèlement jusqu'à nouvel ordre.

Les chiffres varient toutefois sur la quantité de plutonium déjà récupérée : "Les dépôts récupérés à ce jour sont, selon le CEA, de l'ordre de 22 kg et [pourraient] s'élever [au total] à près de 39 kilos", affirme dans un communiqué l'Autorité de sûreté nucléaire, autorité administrative chargée du contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France. Le ministère de l’Ecologie ne prend pas ces précautions et écrit, de son côté, que 39 kilos ont déjà été découverts : c'est une "prévision quasi-sûre", justifie le service de presse de Jean-Louis Borloo, interrogé jeudi matin par Europe1.fr.

Ce dossier a été qualifié de "scandaleux" et "inadmissible" par la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie. "Il est totalement anormal que sur cette filière que l'on dit extrêmement contrôlée, on découvre que la comptabilité est mal tenue, qu'on ne sait pas exactement combien il y a (de plutonium) et surtout qu'on en soit informé si tardivement", a assuré Chantal Jouanno. La directrice de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, l'Andra, Marie-Claude Dupuis, sera entendue à l'Assemblée nationale mardi prochain.

Plus largement, le PS et les Verts ont demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la filière nucléaire et sur le traitement des déchets, en particulier. Greenpeace, de son coté, a accusé, par la voix de son responsable français, Yannick Rousselet, "Areva [l’exploitant du site, NDLR] et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) d'être incapables de gérer le plutonium". Selon l’association, cette découverte est "une des situations les plus graves et les plus critiques que l'on ait pu rencontrer dans une installation nucléaire depuis longtemps".