Plan pauvreté : qu'est-ce que le revenu universel d’activité ?

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Emmanuel Macron a présenté jeudi son projet de revenu universel d'activité. © Michel Euler / POOL / AFP
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Le "revenu universel d’activité" introduit jeudi par Emmanuel Macron a suscité l’intérêt autant que la méfiance des associations. Mais en quoi consiste-t-il ?

Parmi les nombreuses mesures du plan pauvreté présenté par Emmanuel Macron jeudi, une en particulier a retenu l’attention. Le chef de l’État a annoncé la création, pour 2020, d’un "revenu universel d’activité", fusion d’un certain nombre de prestations sociales. Un projet esquissé et qui devra encore être précisé mais qui rappelle déjà le revenu universel prôné par Benoît Hamon en 2017. Hormis leur nom, les deux mesures n’ont pas grand-chose en commun.

Quel est le projet d’Emmanuel Macron ?

Le président a annoncé une loi en 2020 pour créer un "revenu universel d'activité" qui fusionnera "le plus grand nombre possible de prestations", du RSA aux aides au logement, et dont "l'État sera entièrement responsable". Ce revenu sera soumis à "des droits et des devoirs supplémentaires". Cette réforme doit "inciter à l'activité", "puisque chaque euro gagné par son travail se traduira par une augmentation du revenu disponible", a précisé le gouvernement dans un dossier de presse.

L’objectif est donc de simplifier l’usine à gaz des prestations sociales, trop complexe d’accès pour certaines personnes en situation de précarité, en particulier celles qui ne parlent pas le Français. Mais avant la langue, la première barrière est administrative : 30% des personnes éligibles au RSA ne le touchent pas parce qu’elles ne le réclament pas.

En quoi est-ce différent du revenu universel de Benoît Hamon ?

Si le nom – "revenu universel d’activité" – peut faire penser au revenu de base prôné par Benoît Hamon lors de la campagne présidentielle de 2017, il n’en est rien. Le candidat socialiste proposait à l’époque de verser automatiquement un revenu de base à tous les citoyens, quasiment sans condition de ressources. Objectif : garantir à chacun un revenu fixe (la somme initialement envisagée par Benoît Hamon atteignait 750 euros par mois) permettant de rebondir en cas d’aléa professionnel ou personnel.

Rien à voir, donc, avec le revenu de simplification voulu par Emmanuel Macron, toujours soumis aux conditions en vigueur pour les différents minima sociaux. "Il y a une volonté de récupérer, singer une proposition qui est déjà faite", a dénoncé Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération.s, qui se félicite cependant que "ce qui faisait ricaner s'impose dans le débat public". Toutefois, il estime que le revenu universel d’activité est très différent de sa propre idée de revenu universel, car "c'est un RSA conditionnel, le président a beaucoup insisté sur les contreparties".

Dans son programme, le candidat Hamon ne posait aucune condition au fait que, dès 18 ans, toute personne gagnant moins de 1,9 smic brut par mois touche automatiquement une aide, dont le montant aurait été supérieur au RSA. "On conditionne la reconnaissance de la dignité au fait que les personnes accèdent à l'emploi, dans un pays qui diminue le nombre d'emplois disponibles", s'est insurgé Benoît Hamon.

Qu’est-ce qui reste à définir ?

Jeudi, Emmanuel Macron, n’a fait qu’esquisser les contours de son revenu universel d’activité. Au-delà du principe de simplification, tout ou presque reste à définir : quelles prestations sociales seront concernées ? Quel sera le montant de ce revenu ? Quelles seront les conditions pour en bénéficier ? Autant de questions pour l’instant sans réponse. De quoi susciter l’intérêt des associations de lutte contre la pauvreté, mais aussi leur méfiance. "Le revenu universel d’activité paraît également intéressant, mais c’est difficile de juger tant qu’on ne connaît pas son montant. Il y a des minima à 500 euros et d’autres à 900 euros. Le risque, c’est qu’il y ait des perdants", remarque pour Europe 1 Jean-François Maruszyczak, délégué général d'Emmaüs France.