Plan pauvreté : pourquoi deux milliards?

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté les principales décisions du gouvernement pour lutter contre la pauvreté en France, dont une hausse du RSA.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté les principales décisions du gouvernement pour lutter contre la pauvreté en France, dont une hausse du RSA. © REUTERS
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Jean-Marc Ayrault a annoncé un coûteux plan de lutte sans en préciser le financement.

La droite, par la voix de Christian Jacob, dénonce un plan qui grèvera les finances publiques "au profit de l'assistanat". La gauche radicale regrette, elle, "une misérable aumône de Noël", pour reprendre les mots de Leila Chaibi, secrétaire nationale à l'abolition du précariat au Parti de Gauche. Le plan de lutte contre la pauvreté, annoncé mardi par Jean-Marc Ayrault, est loin de faire l'unanimité.

>> À lire : les mesures d'Ayrault contre la pauvreté

Il faut dire que l'équation du gouvernement est ardue. La "misérable aumône" annoncée mardi coûtera déjà entre 2 et 2,5 milliards d'euros d'ici 2017, selon le Premier ministre. Et il est difficile d'aller plus loin en ces temps de disette budgétaire. Pourquoi une telle somme? Qui va payer ? On vous décortique le plan.

RSA "socle" revalorisé : un milliard. Le Revenu de solidarité active (RSA) "socle" sera revalorisé de 10% sur cinq ans, en plus de l'indexation annuelle sur l'inflation. La première hausse est prévue pour septembre 2013. L'idée est que la RSA atteigne la moitié du Smic en 10 ans. A l'horizon de la fin du quinquennat, cela représente un coût d'un peu plus d'un milliard d'euros par an, estime Matignon.

Ce coût sera quasi entièrement assumé par les Départements, qui déboursent déjà 7 milliards par an pour le RSA "socle" mais sont dans une situation financière périlleuse. Ce sont eux, qui, en effet, versent les allocations aux bénéficiaires. "Cette décision aura des conséquences sur les finances des départements, qui feront évidemment l’objet d’une compensation", a d'ailleurs concédé Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre ne lâchera aucune précision supplémentaire jusqu’au 22 janvier. S'y tiendra un comité interministériel sur le sujet, qui détaillera les mesures prises pour financer le plan. Tout juste sait-on que le gouvernement réalisera "des économies". Selon les informations d'Europe1, les mutuelles Santé pourraient éventuellement être mises à contribution.

Contrat d'insertion : 500 millions. Ce contrat en alternance d'un an renouvelable est destiné aux jeunes en grande difficulté et sans qualification. Lancé à la rentrée dans dix territoires pilotes, il sera signé entre un jeune et Pôle emploi. Il sera assorti d'une allocation équivalente au RSA socle, soit environ 450 euros par mois. Le gouvernement vise, "en rythme de croisière", la signature de ce contrat par 100.000 jeunes par an. Au total, ces contrats coûteront 500 millions d'euros par an, selon une première estimation de Matignon. C'est l’État qui devrait verser ces allocations, comme pour le feu "RSA jeune". Avec quel argent ? On le saura le 22 janvier.

CMU étendue : 250 millions. Le plafond de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), mutuelle destinée aux plus démunis et payée par l'URSSAF, sera "révisé de façon à couvrir 500.000 personnes de plus". Le plafond est actuellement de 7.934 euros par an et 4,3 millions de personnes en bénéficient. Le coût de son extension pourrait s'élever à 250 millions d'euros pour l'URSSAF, selon Les Echos. Où va-t-elle les trouver ? Silence radio, suspens jusqu'au 22 janvier.

Mesures sur le logement : 150 millions. 8.000 places d'hébergement supplémentaires seront créées pour SDF et demandeurs d'asile, en plus des 1000 déjà prévues dans le budget. Elles seront aménagées afin de pouvoir recevoir des familles et non plus des personnes seules. Total de la mesure pour le budget de l'Etat : 100 millions d'euros. 50 millions seront aussi alloués à l'accompagnement des locataires en voie d'expulsion. Aucune précisions sur l'origine de ces millions n'ont été données mardi. Quand seront-elles dévoilées? Le 22 janvier pardi!

D'autres mesures, comme la création d'un registre des personnes surendettées ou le relèvement d'aides pour les familles aux revenus modestes, ont été annoncées par Jean-Marc Ayrault sans chiffrage précis de leur coût... ni de leur financement.