Pas de repreneur pour Jeannette, les salariés soulagés

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Damien Brunon avec AFP , modifié à
FERMETURE - Les employés espèrent désormais pouvoir entamer les négociations concernant leurs primes de licenciement.

Le tribunal de commerce de Caen a rejeté vendredi toutes les offres de reprise de la biscuiterie Jeannette, une décision accueillie avec satisfaction par les salariés qui occupent l'usine depuis février dernier. Le tribunal a "constaté qu'aucune offre de reprise de l'entreprise" créée en 1850 et qui fabrique des madeleines à Caen, "ne remplissait les critères légaux". En conséquence, il "a rejeté toutes les offres de reprises de l'entreprise", placée en liquidation judiciaire à la fin de l'année 2013.

Quatre intéressés. Quatre repreneurs de la biscuiterie avaient déposé des offres, dont trois ne concernaient soit que les machines, soit l'outil de production avec la marque et les recettes de la biscuiterie. Dans cette dernière configuration, une proposition avait été formulée pour 2 euros par une entreprise des Yvelines qui a finalement annulé son offre jeudi.

Un entrepreneur franco-portugais, Georges Viana, avait envisagé une quatrième offre, la seule avec poursuite de l'activité, à Pont-l'Evêque dans le Calvados, avec 16 des 23 anciens salariés. Mais il avait dû jeter l'éponge faute d'avoir pu obtenir les financements nécessaires auprès des banques.

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Occupation depuis février dernier. Les ex-salariés, licenciés depuis le début de l'année, craignaient que le tribunal accepte l'offre d'un repreneur pour le seul outil de production, pétrin, moules, four, plateaux de refroidissement notamment, qu'ils considèrent comme "leur propriété", après 30 voire 35 années passées pour certains dans l'entreprise. Ils se sont déjà opposés à la vente des machines, le 21 février dernier, et, depuis, occupent l'usine 24 heures sur 24 pour éviter leur saisie.

Quelques images de l'usine Jeanette, au bord de...par Europe1fr

La décision du tribunal de commerce "est une bonne nouvelle", a immédiatement commenté la déléguée syndicale CGT de la biscuiterie, Françoise Bacon. "Maintenant, l'occupation de l'usine continue", a-t-elle précisé. Pour les ex-salariés, les machines constituent une monnaie d'échange pour pouvoir engager des négociations avec le liquidateur judiciaire en vue d'obtenir une prime supra-légale, d'au moins 25.000 euros.

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Négocier pour les primes. "Il faut qu'on sorte du conflit et qu'on engage des négociations pour obtenir cette prime supra-légale", a déclaré Françoise Bacon. "C'est pas la peine d'avoir travaillé 25 ou 30 ans dans une entreprise pour se faire jeter comme des malpropres", a tempêté cette ancienne agent de production, qui a travaillé 37 ans dans la biscuiterie.

Pas tout à fait fini. Mais la décision du tribunal laisse aussi le temps à Georges Viana de peaufiner son offre et d'essayer de boucler un plan de financement de 2,8 millions d'euros. "Mon projet reste d'actualité", a-t-il confirmé auprès de l'AFP. Il envisage, au côté des subventions et aides publiques, un "financement participatif", et entend solliciter un fonds d'investissement et une ou des banques étrangères.

Et Georges Viana est persuadé que "les consommateurs répondront présents". Il en veut pour preuve la façon dont se sont arrachées sur les marchés les madeleines lorsque par trois fois, les anciens salariés ont relancé symboliquement la production.

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