Participation débloquée : c'est mal parti

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Thomas Morel et Carole Ferry , modifié à
L'annonce du déblocage possible de cette participation risque d'avoir du mal à se concrétiser.

C'était jeudi dernier. François Hollande, interviewé sur France 2, annonçait que l'argent lié à la participation aux résultats, dont bénéficient quatre millions de salariés, pourrait être débloqué sans attente et sans pénalité fiscale. "Je propose que pour tous ceux qui ont l'usage de ces accords de participation, ils puissent être débloqués immédiatement, sans pénalité fiscale", promettait alors le chef de l'Etat à la télévision. A l'heure actuelle, en effet, la participation est bloquée sur un compte d'épargne pour une durée de cinq ans. Mais depuis, plus rien de la part de l'Elysée.

Pourquoi cette idée ? François Hollande l'a assez martelé, la France traverse en ce moment une crise économique sévère. Du coup, les Français font le dos rond, et préfèrent garder leur argent de côté en cas de coup dur plutôt que le dépenser. Le problème, c'est que la France compte beaucoup sur les dépenses des ménages pour doper la croissance. C'est donc un cercle vicieux : crise, donc pas de consommation, donc pas de croissance, donc crise, et ainsi de suite. En autorisant le déblocage immédiat de la participation, le président de la République espère relancer toute la machine, et abréger les difficultés économiques.

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Un dossier qui prend du temps. De la parole à l'acte, il y a un pas : une semaine après l'annonce, la machine n'a toujours pas été mise en branle. Et pour cause : impossible de passer par un simple décret ministériel, il faut obligatoirement un projet de loi, et donc un débat au Parlement. Bref, il faut du temps. Au ministère de l'Economie, on espère désormais que le dossier sera bouclé avant l'été. 

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Les Français se laisseront-ils séduire ? Rien n'est moins sûr. A en croire Reine-Claude Madère, présidente de l'association de consommateurs CLCV, interrogée par Europe 1, "dans un contexte délicat, comme c'est le cas aujourd'hui, on préfère garder son bas de laine". Selon elle, à moins d'un besoin immédiat de liquidités pour mener à bien un gros investissement, comme un achat immobilier ou un changement de voiture, les Français devraient préférer épargner, en attendant que l'orage économique passe. "Débloquer la participation simplement pour consommer plus, personne n'envisage de le faire aujourd'hui", ajoute-t-elle encore.

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Un impact "quasi nul" sur la consommation. Au reste, l'expérience semble lui donner raison. Ce n'est en effet pas la première fois que le gouvernement autorise le déblocage en avance de la participation. Mais à chaque fois, les résultats ont été décevants. En 2005, cette possibilité avait déjà été ouverte. "Selon l'Insee, son efficacité s'est avérée extrêmement réduite", analyse Laure Delahousse, de l'Association française de la gestion financière, au micro d'Europe 1. "Seuls 7,5 milliards avaient été débloqués, et encore, les trois quarts avaient été ensuite réinvestis dans d'autres supports d'épargne." Conséquence, l'impact sur la consommation avait été quasiment nul, tandis que les livrets A avaient récolté l'essentiel des fonds.