"Paradise Papers" : Bernard Arnault et LVMH cités à leur tour

Bernard Arnault aurait localisé des actifs au Luxembourg, à Jersey, à Malte ou encore dans les îles Caïmans.
Bernard Arnault aurait localisé des actifs au Luxembourg, à Jersey, à Malte ou encore dans les îles Caïmans. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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avec AFP , modifié à
Après Jean-Jacques Annaud, les "Paradise papers" révèlent les pratiques fiscales d'une autre personnalité française : Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France.

Bernard Arnault et son groupe LVMH sont cités à leur tour mercredi dans les révélations des "Paradise Papers", le quotidien Le Monde affirmant que la première fortune française aurait placé "des actifs dans six paradis fiscaux différents".

Des actifs dans six paradis fiscaux. Le milliardaire Bernard Arnault aurait "fait appel à au moins huit cabinets de conseil différents pour localiser ses actifs dans six paradis fiscaux différents", affirme Le Monde. Le journal français cite ainsi une propriété au nord de Londres de 4.300 m², dont le propriétaire apparaissait jusqu'à présent dans le cadastre britannique comme "une simple société enregistrée à Jersey".

Son dossier transmis à Appleby. Mais "les investigations du Monde dans les "Paradise Papers" révèlent" qu'"il s'agit de Bernard Arnault" et que son nom "apparaît dans un des fichiers clients du gestionnaire de grandes fortunes Coutts, transmis au détour d'une négociation à Appleby", le cabinet d'avocats en première ligne dans l'affaire des "Paradise Papers".

Le terrain à lui seul vaudrait "un peu moins de 15 millions d'euros", et les coûts de construction de la propriété seraient "bien supérieurs à 3,4 millions d'euros", selon des sources citées par le quotidien.

Des prête-noms. "Jersey n'est pas la seule juridiction offshore dont profite le milliardaire français pour placer ses biens privés", poursuit-il, ajoutant que selon son enquête, "un luxueux yacht de 101 mètres réputé lui appartenir, le Symphony, est détenu par une société maltaise, Sonata Yachting Limited", et bat pavillon aux Caïmans. "Ce sont des prête-noms qui dirigent et possèdent officiellement les parts" de cette société maltaise, "mais elle appartient en réalité à LVMH, comme le révèle une petite ligne dans le rapport annuel du groupe", écrit Le Monde.

Arnault verse à LVMH des frais de location. Le journal affirme que "si Bernard Arnault souhaite utiliser (le yacht), il doit lui-même verser à LVMH des frais de location. Mais n'étant pas le propriétaire légal, il n'a pas besoin d'intégrer le yacht à sa déclaration d'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) - et échappera grâce à son statut commercial à la nouvelle taxe sur les biens de luxe que souhaite instaurer la majorité macroniste".

Est également évoqué "un montage élaboré par deux cabinets spécialistes installés à Guernesey et l'île de Man qui pourrait avoir servi à réduire la facture de TVA" pour un yacht de Bernard Arnault.

Des actifs au Luxembourg également. Enfin, Le Monde affirme relever "les empreintes du champion du luxe" au Luxembourg, où le milliardaire a ouvert en 2010 une holding, Middleton, qui aurait été utilisée pour des investissements dans des fonds luxembourgeois.

"La mise de départ de 160 millions d'euros apportée par sa holding belge Pilinvest ont bien fructifié", avec des participations financières "évaluées à 240 millions d'euros, soit une augmentation de moitié.

Arnaud dit avoir agi "de manière parfaitement légale". La première fortune française a réagi à ces accusations en assurant la légalité de ses affaires. "Tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaitement légale et sont naturellement connus des autorités fiscales", a affirmé mercredi Bernard Arnault. Le milliardaire dénonce "une opération journalistique de ce média pour créer une sensation en utilisant [son] patrimoine", et dénonce le fait que certains de ses investissements ont été "présentés comme des biens cachés et non déclarés, fiscalement répréhensibles, ou à la limite de la légalité".