Pacte de responsabilité : les entreprises ne jouent pas le jeu

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Olivier Samain et , modifié à
MISE AU POINT - Malgré les aides reçues, les entreprises rechignent à se fixer des objectifs d’embauche. L’Etat convoque donc patrons et syndicats.

Le ministre du Travail veut faire le point et il risque d’être déçu. François Rebsamen reçoit mercredi les 50 principales branches professionnelles pour voir où en sont les contreparties au Pacte de responsabilité, censées faire l’objet de négociations entre les entreprises et les syndicats. Sauf que le dialogue est souvent quasi-inexistant, tout comme les promesses d’embauches. Ce qui a conduit François Rebsamen a déclaré, mercredi matin sur RTL : "il faut qu'ils (les patrons, ndlr) aillent plus vite, mais moi je suis persuadé qu'ils en ont pris conscience".

Un dispositif censé être du "donnant-donnant". Pour redonner des marges de manœuvre aux entreprises, le gouvernement a concocté le Pacte de responsabilité. Ce dernier octroie 41 milliards d'euros (baisses de charges et d’impôts) d'ici à 2017 aux entreprises en échange de négociations dans les branches professionnelles sur l'emploi, la formation et l'investissement. Sauf que si l’argent de l’Etat est bien au rendez-vous, les discussions sur les contreparties patinent. Le gouvernement a donc décidé de réunir tous les acteurs du monde de l’entreprise pour une mise au point.

Deux secteurs ont conclu un accord mais… A ce jour, seules deux branches ont joué le jeu, la chimie et la métallurgie. La première s’est engagée à recruter 47.000 salariés d'ici à 2017 et a obtenu la signature de la CFDT. Mais aucun autre syndicat n’a voulu entériner cet accord, estimant que, pacte ou pas pacte, les entreprises de la chimie auraient de toute façon recruté 47.000 personnes.

Chez l’autre "bon élève", la situation est tout aussi floue. Le secteur de la métallurgie a bien avancé dans les négociations. Mais celles-ci ont abouti non pas sur un accord... mais sur une feuille de route, ce qui est bien moins contraignant.

Ailleurs, un dialogue de sourds. Pour les 48 autres branches professionnelles, c’est le flou total. Soit les négociations n’ont même pas commencé, soit elles sont dans l’impasse. C’est notamment le cas du secteur de la banque et de l’assurance, qui n’était pourtant pas le cible prioritaire du Pacte de responsabilité. Ce secteur devrait recevoir 2 milliards d’euros en baisses de charges et d'impôt d'ici à 2020, selon les calculs de la CFDT.

"En échange de ces deux milliards, il y a forcément des efforts à faire en matière d’emploi des jeunes, au travers de l’alternance ou de la lutte contre la surqualification à l’embauche, des mesures pour le recrutement des seniors, pour le recrutement des personnes handicapées. Deux milliards d’euros, cela permet quand même de faire des choses", souligne le chef de file de la CFDT Banque, Luc Mathieu.

Sauf que rien n’a pour l’instant été fait, et pour cause : l’Etat n’a prévu aucune obligation en échange des 41 milliards d’euros. Alors le CFDT invite le gouvernement à hausser le ton, quitte à menacer de ne plus inscrire dans la loi les aides prévues pour 2016 et 2017.