Naufragés de la neige : les élus de Savoie veulent faire payer l’Etat

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avec Rémy Pierre, correspondant d’Europe 1 dans les Alpes , modifié à
FACTURE - Les élus locaux estiment que le blocage des routes provoqué par les intempéries aurait pu être évité si l’Etat s’était impliqué en amont.

Le 27 décembre 2014, puis les 21 et 28 février 2015. A trois reprises, des dizaines de milliers d'automobilistes se sont retrouvés bloqués sur les routes des Alpes à cause des chutes de neige plus importantes que prévues couplées à des pluies verglaçantes. Des vacanciers qu’il a souvent fallu héberger en urgence, mais aussi nourrir. Une facture que les élus de Savoie ne veulent pas payer, estimant que la responsabilité de ces épisodes incombe à l’Etat. Et détériore l’image de marque des stations de ski savoyardes.

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Neige

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De très nombreux naufragés de la route. Hasard du calendrier, ces importants épisodes neigeux se sont produits à chaque fois un samedi pendant pendant les vacances scolaires, journées de chassée-croisé pour les vacanciers. Les routes d’accès à la vallée de la Tarentaise, dans les Alpes, ont donc rapidement été complètement bouchées : les automobilistes ne pouvaient plus avancer et leur trop grand nombre a compliqué le travail des déneigeuses. Si bien que les communes des alentours ont dû rapidement déployer un dispositif d’urgence pour les héberger pendant la nuit et les nourrir un minimum. Ce qui a un coût non négligeable pour ces petites localités.

La faute à l’Etat ? De prime abord, un tel épisode fait partie des aléas de la vie en montagne mais pour les communes de la région, tout cela aurait pu être évité. Et ces derniers de pointer du doigt des routes sous-dimensionnées, une information déficiente et une absence des forces de l’ordre sur le terrain.

Centre hergement savoie neige

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Résultat, les communes savoyardes estiment avoir dû assumer toutes seules l’hébergement d’urgence des naufragés. Or, à chaque fois, ce sont "beaucoup d’agents présents pour assurer des permanences au niveau des hébergements et un accueil de ces très nombreux touristes pris au piège : le chauffage, la partie alimentation, toute la logistique derrière", témoigne la maire d’Albertville. Et Martine Berthet d’évaluer le montant de la facture : "en décembre, c’était 15.000 euros. Là je pense que nous en serons à peu près au même montant". Comme en décembre, la commune va donc demander un remboursement à l’Etat.

Un coût supplémentaire, mais aussi un manque à gagner. Pour les élus de la région, des automobilistes à aider en urgence, ce sont des coûts supplémentaires, mais pas seulement : ce sont autant de vacanciers en moins dans les stations de ski et donc un manque à gagner.

"Le chiffre d’affaires des remontées mécaniques de Tarentaise-Beaufortain-Val D’Arly, ce sont 550 millions d’euros qui sont réalisés sur un peu plus de 100 jours. Une journée, c’est 500.00 euros ; voilà ce qu’on perd quand on perd des clients", estime Franck Lombard, maire d’Ugine et vice-président du conseil général de Savoie. Mais il y a plus grave pour l’élu local : "cela donne une image négative de toute la Savoie, nous sommes en train de tuer notre économie". Les stations de ski des Alpes redoutent en effet que la répétition de tels incidents dissuade les touristes de revenir skier en Savoie ces prochaines années.

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