Nationalisation de STX France : Bruno Le Maire attendu de pied ferme à Rome

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Bruno Le Maire va défendre son idée de coopération militaire auprès de ses homologues italiens mardi © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP
Le ministre de l'Économie et des Finances se rend mardi à Rome pour rencontrer ses homologues italiens et apaiser les tensions après l'annonce de la nationalisation temporaire des chantiers navals STX, convoités par un groupe italien.

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire arrive mardi à Rome où il est attendu de pied ferme par les autorités italiennes, très amers après le revirement de Paris concernant la vente de STX France à l'Italien Fincantieri.

Un retour au protectionnisme pour l'Italie. Le ministre français est attendu dans la capitale italienne en début d'après-midi avant un rendez-vous prévu à 17 heures avec son homologue italien Pier Carlo Padoan et le ministre du Développement économique Carlo Calenda. L'Italie avait vivement réagi la semaine dernière à la nationalisation "temporaire" du chantier naval, pourtant promis à Fincantieri, en dénonçant le retour du nationalisme et du protectionnisme.

Fincantieri, toujours en lice pour le rachat de STX. Le gouvernement français assure que la négociation n'est pas rompue et que Fincantieri est toujours en lice. Mais le chantier italien réclame la majorité du capital quand Paris n'est prêt à accepter qu'un accord 50-50.

Une proposition coopération franco-italienne. Après le tollé soulevé en Italie, et les interrogations que cette nationalisation ont également suscité en Europe, Bruno Le Maire n'arrive pas les mains vides. Dimanche, il a proposé à l'Italie d'élargir les négociations à une coopération militaire pour bâtir "un grand champion de l'industrie navale européenne". Un "geste d'ouverture" du président français Emmanuel Macron, a souligné le ministre dans un entretien avec le Journal du Dimanche. L'Italie n'a pas officiellement réagi à cette main tendue. Mais la ministre de la Défense Roberta Pinotti a de nouveau plaidé ce week-end pour une démarche européenne, après d'autres ministres italiens.

L'Italie reste ferme sur ses positions. Cette nationalisation, la première d'un groupe industriel en France depuis la vague de nationalisations du pouvoir socialiste en 1981, est "grave et incompréhensible", avaient réagi jeudi Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda. Ce dernier a maintenu une ligne ferme ce week-end en soulignant que l'Italie n'avait pas l'intention de bouger d'un millimètre "mardi, mercredi ou n'importe quel autre jour".

"Nous recevrons le ministre Le Maire mardi prochain à Rome et nous écouterons les propositions du gouvernement français en partant de cette base incontournable" qu'est le contrôle de STX France par Fincantieri, avaient déclaré Padoan et Calenda jeudi dans un communiqué commun.

Protéger les intérêts de la France contre une fuite du savoir-faire vers la Chine. En refusant le contrôle du chantier de Saint-Nazaire par Fincantieri, la France affirme vouloir simplement protéger "ses intérêts, comme le font la Chine ou les Etats-Unis", a assuré dimanche Bruno Le Maire. 

Fincantieri, leader mondial dans la construction de paquebots de croisière, est en effet partenaire des chantiers navals publics chinois CSSC, dans la construction de navires pour le marché chinois. Mais à Rome, on ne comprend pas pourquoi une société italienne ne peut pas "détenir la majorité de STX, une société qui était jusqu'à présent sous contrôle d'un groupe coréen", ont fait remarquer Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda jeudi.