Chèque énergie : comment fonctionne le nouveau système ?

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Carole Ferry et Lionel Gougelot, édité par R.Da. , modifié à
D'un montant moyen de 150 euros, ce chèque, qui arrive dans les boîtes aux lettres lundi, remplace les tarifs sociaux de l'énergie pour les plus démunis. Il pourra aussi être utilisé pour des travaux de rénovation.

C'est un serpent de mer, qui devient une réalité. Le chèque énergie arrive à partir de lundi dans les boîtes aux lettres des bénéficiaires. L'envoi sera échelonné jusqu'à la fin du mois d'avril. D'un montant moyen de 150 euros, il remplace les tarifs sociaux de l'énergie, et devrait profiter à quatre millions de Français en situation de précarité énergétique. Europe 1 lève le voile sur les modalités de cette nouvelle aide.

Comment est calculé son montant ? 

Le montant du chèque énergie, qui peut notamment être utilisé pour payer le gaz ou l'électricité, est calculé sur la base du revenu fiscal et de la composition du foyer, mais il concerne surtout les revenus les plus faibles. Ainsi, un célibataire avec un revenu inférieur à 5.600 euros par an recevra un chèque de 144 euros. Si son revenu est compris entre 6.700 et 7.700 euros, le montant du chèque tombe à 48 euros. Dans le cas d'une famille avec deux enfants et moins de 11.760 euros de revenus annuels, celle-ci recevra un chèque de 227 euros.

Dans le Pas-de-Calais, où la mesure est déjà testée depuis deux ans, Séverine, locataire d'un F3 à Saint-Omer, touche déjà une aide au logement, mais ce chèque énergie lui permet de mieux supporter une facture de gaz de 600 euros par an. "Mon chèque énergie fait 190 euros, et me sert à payer le gaz. Pour moi, le gaz est plus cher que l'électricité, et vu le temps que l'on a en cette période très froide, c'est pas mal", explique cette femme sans emploi, avec un enfant à charge et seulement 450 euros de RSA par mois pour vivre.

Comment obtenir son chèque énergie ?

Si vous y êtes éligible, aucune démarche spécifique n'est nécessaire pour recevoir cette aide financière. Les Français qui peuvent en bénéficier recevront directement le chèque énergie dans leur boîte aux lettres. Mais il faut toutefois avoir déclaré ses revenus, même sans être imposable, de manière à pouvoir apparaître dans les fichiers de l'administration. Il faut également résider dans un logement imposable à la taxe d’habitation. Le gouvernement a mis en place un simulateur en ligne (https://chequeenergie.gouv.fr/beneficiaire/eligibilite), pour connaître son éligibilité.

Egalement bénévole auprès du Secours catholique, Séverine remarque auprès d'Europe 1 que l'information a encore du mal à passer auprès des personnes en grande précarité, qui ne pensent pas forcément à se signaler. "J'essaye d'en parler autour de moi", assure-t-elle. En 2017, 20% des 100.000 chèques énergie disponibles dans le Pas-de-Calais n'ont pas été utilisés par les ménages qui y avaient droit.

Que peut-on payer avec le chèque énergie ? 

Ce chèque va pouvoir être utilisé en premier lieu pour payer la facture de gaz ou d'électricité, mais il permet aussi, ce qui n'était pas possible avec les tarifs sociaux, de payer une commande de bois ou de fioul. Tous les systèmes de chauffage sont concernés. Il peut également servir pour régler des travaux d'économie d'énergie, tels que l'achat d'une chaudière neuve ou encore l'isolation des combles.

Par contre, il est impossible de le fractionner. Le consommateur ne dispose que d'un seul chèque, et qui ne peut être affecté qu'à une seule utilisation. Impossible également de récupérer la monnaie, si son montant est supérieur à la facture. À utiliser donc, avec précaution.

Le dispositif est-il suffisant ? 

Le montant moyen de 150 euros annuel (il devrait passer à 200 euros l’an prochain), est loin de pouvoir couvrir l’intégralité des dépenses, qui tournent autour de 1.925 euros selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Selon le médiateur de l’énergie, en 2015, près de 9% des ménages ont déclaré avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie. Cela est dû, en partie, à la forte augmentation des prix de l’électricité en France, notamment à cause des taxes.