Michelin supprime 700 postes à Joué-lès-Tours

Michelin a annoncé lundi son intention d'arrêter de produire des pneus poids lourds sur son site de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) à partir du 1er semestre 2015, ce qui entraînerait la suppression d'environ 700 postes.
Michelin a annoncé lundi son intention d'arrêter de produire des pneus poids lourds sur son site de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) à partir du 1er semestre 2015, ce qui entraînerait la suppression d'environ 700 postes. © MAXPPP
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et G.S. et François Coulon avec AFP , modifié à
Le manufacturier de pneumatiques va arrêter sa production pour poids lourds sur son site d'Indre-et-Loire.

L'annonce. Il était érigé en exemple tricolore face à Goodyear, le géant des pneus américains qui ferme des usines en France. Mais le Français Michelin a annoncé lundi son intention d'arrêter de produire des pneus poids lourds sur son site de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, d'ici début 2015, ce qui entraînerait la suppression d'environ 730 postes. Le géant du pneumatique veut regrouper la production de pneus poids lourds, victime de la baisse de la demande en Europe, dans son usine de La Roche-sur-Yon (Vendée), selon un communiqué. Michelin a aussi annoncé qu'il va arrêter de produire des pneus poids lourds en Algérie fin 2013.

Quel avenir pour les salariés ? La capacité de production de ce site passerait ainsi de 800.000 à 1,6 million d'unités par an d'ici 2019 et 170 postes y seraient créés. Joué-lès-Tours serait "alors spécialisé dans les produits appelés 'semi-finis'", précise Michelin, avec à la clé le maintien d'environ 200 emplois sur les 930 existant actuellement. Sur les 730 postes supprimés, "250 pourraient bénéficier d'un aménagement de fin de carrière" et les autres se verront proposer "deux postes correspondants à (leurs) compétences sur un autre site de Michelin en France", selon le communiqué. De leur côté, les salariés semblent résignés. "Ça dégoute un petit peu. On a beaucoup donné, derrière il n'y a rien du tout", constate Claude, 38 ans de maison, au micro d'Europe 1. "Les gens qui sont ici, se sont toujours retroussés les manches, ils ont toujours accepté les efforts demandés. Derrière, il n'y a aucune récompense, rien", regrette-t-il, amer.

Des investissements à venir mais... Michelin veut parallèlement augmenter sa production de pneus de génie civil et agricole dans l'Hexagone, moderniser son centre de recherche et d'innovation à Clermont-Ferrand et investir en tout "environ 800 millions d'euros en France de 2013 à 2019". Il va en revanche céder ses activités de fabrication de pneus poids lourds et de ventes en Algérie à la société algérienne Cevital et arrêter de fait la production de pneus poids lourds dans ce pays fin 2013. Cevital "s'est engagée à proposer à chacun des 600 salariés de l'usine un emploi dans une de ses activités dans le pays".

Arnaud Montebourg veut "des précisions". Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a de son côté regretté la "déflagration" que constitue cette annonce. "Du point de vue de la France, le global reste positif, mais du point de vue de Tours, c'est un grave problème (...) une très mauvaise nouvelle (...), une déflagration", a-t-il déclaré en marge d'un déplacement en Gironde. Arnaud Montebourg a également assuré qu'il demanderait à Michelin "un certain nombre de précisions" sur son projet industriel.

pneus, michelin

Une activité en berne... Ce n'est pas nouveau, l'activité poids lourds du groupe n'est pas au mieux. En novembre dernier, Michelin avait déjà signalé que l'activité poids lourds était surcapacitaire de 50% en France. Les départs en retraite et les CDD n'étaient déjà plus remplacés. L'effectif de l'usine tourangelle avait baissé de 1.150 à 950 personnes entre 2011 et 2012. Les Echos rappellent que cette branche d'activité "est passée d'un volume annuel de 26,7 millions en 2007 à 20,2 millions en 2012", dû en grande partie à la crise économique européenne.

Mais un groupe en forme. Pour autant, Michelin ne se porte pas si mal financièrement. Le groupe annonçait en février une hausse de ses bénéfices pour 2012, comme l'expliquait le chroniqueur d'Europe 1 Axel de Tarlé dans son Zoom Eco :