Michel Combes : une réduction de prime trop… "rationnelle"

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avec Emmanuel Duteil et Anne-Laure Jumet
L'ex-dirigeant de l'équipementier ne touchera pas 14 millions, mais huit millions. Pas sûr que ça ne calme la polémique. 

Alcatel cède finalement à la pression. Les 14 millions d'euros de primes accordés à l'ex-dirigeant du groupe, Michel Combes, après son départ, vont finalement être quasiment divisés par deux. Le package de départ de celui qui est désormais aux commandes du conseil d’administration de Numericable-SFR est ainsi ramené à près de huit millions. La clause de non concurrence passe de 4 à 3,1 millions d'euros, les indemnités de départs sont, elles, ramenées à 4,85 millions. Mais pas sûr que cela ne suffise à apaiser les esprits.

Une rémunération et non plus des actions. D'une part, la majorité de ces primes ne sera plus versée sous forme d'actions, mais en "rémunération variable pluriannuelle". Un avantage pour le dirigeant, qui ne risque ainsi pas de voir cette indemnité se dévaluer en fonction du cours de bourse. Cette rémunération sera toutefois conditionnée dans le cas unique de la "réussite de l'opération de rapprochement avec Nokia", a détaillé l'équipementier en télécoms dans un communiqué.

"Ça paraît toujours trop". Et sur la somme en elle-même, Alcatel se contente de respecter les recommandations du Haut comité de gouvernement d'entreprise, une instance du patronat chargée de faire respecter le code de bonne conduite du Medef. Comme le confie un acteur du dossier, "le conseil d'administration d'Alcatel a répondu de façon rationnelle à un problème irrationnel. Quand on parle de millions d'euros pour un patron, ça paraît toujours trop".

Une analyse partagée par certains syndicats. "Ca ne change rien sur le fond, ça reste quand même démesuré. Même si c'est réduit, ça ne change rien au schmilblick", commente ainsi sur Europe 1 Stéphane Dubled, de la CGT Alcatel-Lucent. Et d'enchaîner : "Est-ce que c'est justifié ? Peut-être pour les actionnaires, pas pour les salariés. Cela reste complètement démesuré par rapport au travail qu'il a fourni, il n'est resté que deux ans et demi dans le groupe. Plus que le cas de Combes, c'est le mode de rémunération des dirigeants des grands groupes qui est hors norme. Et qui ne me paraît pas justifié", ajoute le syndicaliste.

Vers une nouvelle polémique ? Au-delà des annonces de ce vendredi, les questions concernant la rémunération de Michel Combes ne sont pas totalement levées. Désormais, c'est le montant de la prime qu'il aurait reçue lors de son arrivée à la tête de l'opérateur téléphonique Numericable-SFR qui suscite des réactions. Certains médias évoquent jusqu'à 100 millions d'euros sous forme de stock-options du groupe Altice.

Interrogé sur Europe 1, le vice-président du Medef Thibault Lanxade a estimé que "cela paraît totalement incroyable". "Je n'ai pas envie d'apporter de la surenchère à la rumeur. Mon sens personnel, c'est que ça paraît incroyable", a-t-il commenté.