Mega, un Megaupload "inattaquable"?

Megaupload a été rendu inaccessible par le gouvernement américain, sous accusation de violation de droit d'auteur
Megaupload a été rendu inaccessible par le gouvernement américain, sous accusation de violation de droit d'auteur © DR
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Kim Dotcom, fondateur du site de partage, annonce que la plateforme va renaître de ses cendres.

"Nous allons créer un écosystème riche de milliers de contributeurs. MegaUpload est mort. Longue vie à Mega".  Kim Dotcom, le fondateur de feu MegaUpload, ce site de partage de fichiers aux 50 millions de visiteurs quotidiens, fermé par le FBI en janvier 2012, a détaillé les contours de sa future plateforme, baptisée "Mega". Dans une interview au magazine américain Wired, il assure que le successeur de la bête noire des studios de cinéma sera "inattaquable", à la fois vis-à-vis des lois et des hackers. Pourquoi est-il si sûr de lui ? A-t-il raison d'être confiant ? Décryptage.

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"Si quelqu’un hacke, il ne tombera sur rien"

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• En quoi consistera Mega? Stockage, partage, visionnage ou téléchargement de fichiers… La future plateforme gardera la même utilité que son ancêtre. D'après les dires de son fondateur, elle permettra aussi d'envoyer des mails ou de discuter sous forme de chat audio et vidéo. Mega devrait être hébergé par un réseau géant de plusieurs sites non américains, qui mutualiseraient ainsi leurs serveurs et leur puissance.

• Une "clé" pour se protéger. C'est là que se situe la plus grande différence entre Mega et MegaUpload. Accusé par les producteurs de musique et de cinéma de faciliter le piratage à une vitesse grand V, ce dernier avait été fermé pour violation de droit d'auteur. Afin d'éviter toute infraction, les fichiers hébergés sur le futur site auront donc l'obligation d'être chiffrés.

Une clé de déchiffrage sera alors transmise à chaque utilisateur. Concrètement, un internaute pourra se rendre sur le site et y déposer des fichiers. Ils seront chiffrés en un clic, puis la clé sera fournie tout de suite après. "Si les serveurs sont perdus, si un gouvernement s’invite dans un centre de données et les viole, si quelqu’un hacke le serveur ou le vole, il ne tombera sur rien. Tout ce qui est hébergé sur le site demeurera inaccessible et privé sans la clé", explique Kim Dotcom.

Les administrateurs de "Mega" eux même n'auront pas accès aux clés, ce qui a vocation à les rendre juridiquement irresponsables. Pour Kim Dotcom, le seul moyen de mettre fin à ce type de service est de rendre le chiffrage illégal. "Or selon la charte des droits de l’homme des Nations Unies, la vie privée est un droit élémentaire. Vous avez le droit de protéger vos informations et votre communication privées contre l’espionnage", avance l'homme d'affaires.

"Une porte ouverte aux contenus illicites"

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• Les données réparties dans deux pays différents. Et puisque Kim Dotcom est un homme pointilleux, une ultime précaution a été prise. Ainsi, lorsque des serveurs contiendront le même fichier, les données seront stockées en doublon dans deux pays différents. De quoi se prémunir contre une éventuelle "catastrophe naturelle" ou "un pays qui pète les plombs" et décide de fermer tous les serveurs présents sur son territoire.

• Mega sera-t-il vraiment "inattaquable"? "Grâce à cette fameuse clé de déchiffrage, Mega ne pourra pas être gelé comme son prédécesseur. Mega va se positionner en hébergeur et non en éditeur. N'ayant pas accès aux clés des internautes, il ne sera pas responsable des contenus. YouTube et Dailymotion ont adopté cette position et ont gagné leurs procès", décrypte pour Europe1.fr l'avocate spécialisée Julie Jacob.

"Toutefois, poursuit Maître Jacob, Mega peut être accusé, dans le droit français, de fournir des outils pour faire de la contrefaçon. Si je plaidais pour une maison de disque, par exemple, je les attaquerais là dessus."

• Les contenus illicites combattus? Kim Dotcom se défend de "faire un doigt d’honneur à Hollywood et au ministère de la Justice". Et il met en avant sa volonté de collaborer avec les ayants droit. Producteurs de cinéma et autres maisons de disques pourront ainsi engager une procédure pour demander le retrait d'un fichier, si tant est qu'ils parviennent à prouver que le contenu viole effectivement leurs droits. Ils pourront également retirer eux même un fichier, s'ils s'engagent à ne pas poursuivre Mega.

"Cela risque d'être, par contre, la porte ouverte à d'autres types de contenus illicites, types films pédophiles, s'inquiète le spécialiste Marc Blanchard interrogé par Europe1.fr. Si l'accès à chaque fichier dépend vraiment d'une clé à caractère privé, les données ne pourront pas être retirées ou même pistées. S'il a trouvé un moyen technologique pour les combattre, c'est qu'il a accès au chiffrage des utilisateurs. Et, si c'est le cas, il contredit tout ce qu'il vient d'expliquer et se retrouverait potentiellement juridiquement responsable."