Malmené, Sony recherche de l’argent pour rebondir

30.06.Sony.PDG. Kazuo Hirai.YOSHIKAZU TSUNO  AFP.1280.640
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MUTATION - Le géant japonais a été dépassé par la concurrence dans de nombreux domaines et tente de se réorganiser pour développer de nouveaux points forts.

Pour des générations, Sony fut synonyme d’innovation et de succès. Sauf que les dix dernières années ont été difficiles pour le géant japonais de l'électronique, désormais à la traine dans de nombreux secteurs. Le groupe nippon a donc décidé de se réorganiser mais il manque d’argent pour le faire. Sony a donc annoncé mardi une augmentation de son capital, qui n’est pas passée inaperçue.

Sony en quête de 3,2 milliards d'euros. Le conglomérat japonais a annoncé mardi qu’il allait émettre de nouvelles actions et  des actions convertibles afin de lever 440 milliards de yens, soit 3,2 milliards d’euros. Ce qui pourrait paraître anodin pour une entreprise de cette taille est en fait exceptionnel : c'est la première fois en 26 ans que Sony lance un tel appel au marché, la précédente levée de fonds par ce biais remontant à 1989. Sauf qu’une telle levée d’argent revient à diviser un gâteau à la taille inchangée en un plus grand nombre de parts. Les détenteurs d’actions Sony ont donc mal vécu la nouvelle et massivement mis en vente leurs titres. Bilan : une chute de 8,25% de l’action Sony.

Mais pourquoi Sony a-t-il besoin d’argent ? Parce que l’entreprise va lancer une vaste réorganisation mais qu’une telle opération a un coût. Or cet argent, Sony ne l’a pas. "Le but de cette levée de fonds est de garantir au groupe les moyens d'investir pour sa croissance et de concentrer ses ressources sur les activités prospères", a détaillé la compagnie. L’enveloppe de 3,2 milliards donne une idée de l’ampleur de la réorganisation à venir.

Des produits stars désormais dépassée. Si Sony souhaite se réorganiser, c’est parce que ses anciennes valeurs sûres ne le sont plus du tout. En effet, le succès de la console Playstation est l’arbre qui cache la forêt : le Walkman, une invention maison, a totalement été dépassé par la numérisation des contenus et l’arrivée des iPod puis des smartphones. Les téléviseurs, l’autre valeur sûre du groupe pendant des décennies, sont eux aussi mal point : les fabricants coréens, Samsung et LG en tête, ont provoqué une guerre des prix fatale au constructeur japonais. Auprès dix années de pertes consécutives, ce dernier a donc isolé cette production au sein d’une filiale spécifique et réduit la voilure.

Quant à l’activité PC, plus connue sous la gamme de portables VAIO, elle a été vendue en 2014. Si la branche téléphonie n’est pas dans le rouge, elle peine à concurrencer les géants que sont Apple et Samsung sur le secteur premium et se fait rattraper par les nouveaux venus chinois dans l’entrée de gamme.

Les nouvelles priorités de Sony. En délaissant tous ces secteurs, l’entreprise compte se recentrer sur un nombre limités d’activités dans lesquelles il est en position de force. Il y a d’abord la branche jeux vidéo, la PS4 ayant totalement écrasé la concurrence de la Xbox One proposée par Microsoft. Il y a ensuite ses activités dans le divertissement, à travers les studios Sony Pictures ou la maison de disque Sony Music Entertainment (Epic Records, RCA, BMG ou encore Jive).

Mais ces activités fonctionnant bien, Sony souhaite concentrer ses efforts financiers sur une activité : la production de capteurs d'images "Cmos". Sony est en effet devenu le numéro un mondial de ce type de composant-clef des caméras de mobiles, tablettes et appareils photos. Et comme il se vend toujours plus d’appareils embarquant un capteur photo ou vidéo, cette activité est promise à un bel avenir. L’essentiel des 3,2 milliards d’euros levés devraient donc servir à asseoir cette suprématie.