Qui est Patrick Pouyanné, le nouveau patron de Total ?

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PORTRAIT - Patrick Pouyanné va prendre la succession de Christophe de Margerie dans un style très proche.

Le suspense aura été de courte durée : moins de deux jours après le décès de son PDG, Christophe de Margerie, Total a nommé son nouveau patron, Patrick Pouyanné. Pendant un an, ce dernier ne sera que directeur général, avant de devenir PDG à plein titre. Mais qui est Patrick Pouyanné, 51 ans, que l’on présente comme un pur produit du géant pétrolier français ?

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Un Normand ayant grandi dans le Sud-Ouest. Né le 24 juin 1963 à Petit-Quevilly, en Normandie, Patrick Pouyanné file rapidement dans le Sud-Ouest, dans les bagages d’un père directeur des douanes. C’est dans cette région qu’il se prend de passion pour le rugby, même s’il pratique également le tennis à un niveau honorable. Mais la priorité reste les études, qu’il réussit bien puisqu’il monte en région parisienne pour intégrer l’école polytechnique puis l’école des Mines (Mines ParisTech).

Des débuts dans l’administration. Fort d’un tel CV, Patrick Pouyanné a entamé sa carrière professionnelle dans l'administration. D'abord au ministère de l'Industrie, puis au cabinet du Premier ministre Edouard Balladur (1993-95). Il est ensuite nommé directeur de cabinet de François Fillon, alors ministre des Technologies de l'information et de l'Espace (1995-96) et y pilote la mutation de France Telecom en société anonyme. Une expérience qui lui a permis de se constituer un solide carnet d’adresse, plus qu’utile dans un secteur aussi stratégique que celui de l’énergie.

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Une carrière dédiée au secteur pétrolier. Patrick Pouyanné bascule dans le privé à 33 ans et rejoint la très politique société pétrolière Elf, dont il intègre la division exploration-production en Angola et au Qatar. Le rachat d’Elf par Total en 2000 ne l’empêche pas de monter en grade pour devenir directeur finances de la division exploration-production à partir de 2002, puis directeur de la stratégie quatre ans plus tard.

2011 constitue un tournant pour Patrick Pouyanné qui, après avoir géré le très lucratif et diplomatique secteur de la production, passe de l'amont à l'aval en rejoignant la branche chimie et pétrochimie. Devenu directeur général de la branche raffinage-chimie en 2012, il ne gère plus seulement les négociations avec les Etats étrangers mais se frotte aussi aux syndicats, échaudés par la restructuration d’un secteur en crise en Europe. Il arrive pourtant à limiter la grogne lors de la fermeture de la raffinerie de Dunkerque en 2010 et de la réorientation du site de Carling, décidé en 2013.

Son caractère : un jovial qui peut devenir volcanique. De nature joviale, rassurant grâce à des traits ronds, l’homme est surnommé "Papou" en interne, dixit Les Echos. Et il entretient des relations apaisées avec les syndicats, à en croire François Pelegrina, coordinateur de la CFDT, premier syndicat chez Total : "c’est un homme (…) avec qui on peut discuter si on a un vrai sujet, qui écoute et ne ferme pas sa porte".

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S’il sait écouter, Patrick Pouyanné sait aussi se faire entendre, trancher et peut même être colérique. Voire volcanique quand ses interlocuteurs ne sont pas au niveau d’exigence qu’il attend de ses collaborateurs. Du côté de la CFE-CGC, cela donne un homme doté d'un "fort caractère", du côté de la CGT cela vire au portrait d’un dirigeant "assez autoritaire, parfois même apte à s'emporter facilement". Mais, chez Total on l’assure, "il a beaucoup changé depuis deux ans" et est devenu moins colérique, plus compréhensif.

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