Luc Oursel, l’homme du compromis

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avec Reuters , modifié à
PORTRAIT- Le numéro 2 d’Areva va remplacer Anne Lauvergeon à la tête du groupe nucléaire.

Un "bosseur qui connaît son sujet". C’est ainsi qu’est décrit Luc Oursel dont la nomination à la tête d'Areva a été annoncée jeudi. Le numéro 2 du groupe apparaît comme un homme de compromis entre ceux qui prônaient une rupture brutale avec la stratégie de la présidente sortante Anne Lauvergeon et ceux qui souhaitaient une certaine continuité.

Membre du directoire du spécialiste public du nucléaire depuis 2007, Luc Oursel a de fait validé ces dernières années les choix stratégiques d'Anne Lauvergeon et sa volonté de préserver l'autonomie du spécialiste public du nucléaire.

Un homme d’expérience

Mais les services du Premier ministre mettent surtout en avant "l'expérience industrielle et la connaissance du nucléaire" de cet ingénieur du corps des Mines de 51 ans, et sa capacité à suivre la feuille de route fixée par l'Etat. "C'est un homme d'expérience avec lequel l'Etat actionnaire travaillera en confiance", a déclaré un conseiller de Matignon.

Après avoir occupé des fonctions aux ministères de l'Industrie et de la Défense, Luc Oursel a passé neuf ans chez Schneider Electric avant de prendre la direction générale du spécialiste de la logistique Geodis. Nommé début 2007 à la tête d'Areva NP, la filiale spécialisée dans les réacteurs, il est devenu en 2009 directeur général adjoint en charge des opérations du nucléaire.

"Quelqu'un de réfléchi, un peu froid"

Depuis janvier, Luc Oursel occupait le poste de directeur général délégué en charge du marketing, de l'international et des projets. Décrit par une source syndicale comme "quelqu'un de réfléchi qui peut sembler un peu froid", il présente le profil d'un industriel d'expérience et surtout d'un très bon connaisseur du nucléaire.

L'un des premiers chantiers de Luc Oursel consistera à mettre en oeuvre le partenariat stratégique avec EDF souhaité par l'Etat, pour qui l'électricien doit être le chef de file du nucléaire français. Il devra également prouver aux pouvoirs publics qu'il peut travailler sereinement avec Henri Proglio, le PDG d'EDF, dont les passes d'armes avec Anne Lauvergeon ont été d'une rare violence.

"Pas beaucoup apprécié en interne"

Une source industrielle loue ses qualités de "bosseur qui connaît son sujet" mais prévient que sa nomination pourrait être le prélude à une période de tensions chez Areva. D'autant qu'il ne faisait pas partie de la liste de candidats potentiels remise à l'Etat début mars par le président du conseil de surveillance d'Areva Jean-Cyril Spinetta, ajoute cette source.

"Il n'est vraiment pas beaucoup apprécié en interne, ni chez EDF (...) il a un tempérament très sanguin qui ne passe pas forcément très bien", estime-t-elle. La nomination de Luc Oursel soulève également des questions autour des perspectives d'Areva dans le contexte de l'après-Fukushima, qu'Anne Lauvergeon avait prévu de présenter à la fin du mois.