La Banque de France plaide pour une baisse du Livret A

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Benoist Pasteau, Damien Brunon et Martiel You , modifié à
ÉPARGNE - Faire baisser le taux de l'épargne la plus populaire chez les Français pourrait permettre de relancer l'économie grâce à ces 256 milliards d'euros qui dorment.

Et si le taux du Livret A passait à 1%, voire 0,75% le 1er août ? C'est l'idée à nouveau avancée par le gouverneur de la Banque de France mercredi. Christian Noyer, a de nouveau plaidé mercredi pour une baisse du taux du Livret A, la jugeant nécessaire pour relancer la croissance et la construction de logements alors que 95% de la population dispose de ce type de placement.

Une baisse inéluctable ? Le taux de ce livret, actuellement fixé à 1,25%, doit être révisé le 1er août. Son calcul dépendra de l'inflation (hors tabac) pour le mois de juin, publiée jeudi. Si l'évolution des prix à la consommation suit la tendance observée au cours des derniers mois, la rémunération du Livret A devrait baisser à 0,75% ou 1%. Christian Noyer, par ailleurs membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a expliqué qu'un tel repli serait logique, au regard des décisions prises récemment par la BCE, notamment l'abaissement de son principal taux directeur à 0,15%. "Il faut que les taux des dépôts de l'épargne reflètent cette évolution à la baisse", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

"Conserver le pouvoir d'achat des plus modestes". En janvier, alors qu'elle donnait mécaniquement un taux de 0,75%, Christian Noyer avait proposer d'établir la rémunération du Livret A à 1%. Finalement, le gouvernement avait tranché en faveur de son maintien à 1,25%. "Je tiens à conserver le pouvoir d'achat des plus modestes des Français et le Livret A, c'est l'épargne des plus modeste des Français", déclarait mi-juin Michel Sapin, le ministre des Finances.

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Une décision logique ? Il faut dire qu'il sait que ce type de déclaration brosse plutôt les Français dans le sens du poil. Psychologiquement, si on passe sous 1% de rémunération du livret A, ces derniers pourraient avoir le sentiment de perdre en pouvoir d'achat. Cette idée est pourtant fausse dans les faits, d'autant que maintenir un niveau de rémunération trop haut ne sert à rien pour les particuliers pour plusieurs raisons. En effet, la moitié des livrets A ont moins de 150 euros en banque. Si on passait le taux de rémunération du livret A de 1,25%, comme c'est le cas actuellement, à 1%, on perdrait seulement 3,75 euros sur un an.

Maintenir serait dangereux pour l'économie. Maintenir les taux n'aurait donc pas beaucoup de sens pour les Français, mais en plus, cet argent dort littéralement et ne peut pas financer l'économie réelle. Le livret A, c’est ce qu'on appelle de l’épargne liquide, c’est à dire qu’on peut le retirer et l’utiliser comme on veut. Cet argent n’est pas bloqué, mais les banques ne peuvent pas l’utiliser pour faire du financement. En clair, les 256 milliards d’euros qui dorment sur des livrets A ne peuvent pas être utilisés pour soutenir les entreprises ou l’immobilier.

C’est dommage parce que si on baissait la rémunération des livrets A, ceux qui ont bloqué leur argent jusqu’au plafond de 22.950 euros mettraient sans doute cet argent sur des placements bloqués comme l’assurance-vie qui, elle, finance directement nos entreprises. Maintenir le taux du livret A pourrait ainsi s'apparenter à jouer contre la relance de l'économie.

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