L'impossible application du compte pénibilité pour les agriculteurs

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Image d'illustration. © GUILLAUME SOUVANT / AFP
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Francois Geffrier et Aurélien Fleurot avec GM
Les nombreux critères à prendre compte et les difficultés de quantification posent problème aux agriculteurs pour l'application du compte pénibilité.

Le compte pénibilité est loin de plaire à tout le monde... En plus des quatre critères pris en compte dans son calcul depuis le 1er janvier 2015, six nouveaux critères doivent entrer en vigueur dans le calcul du compte pénibilité le 1er juillet et notamment la manutention de charges, les postures pénibles ou les vibrations mécaniques. Pour les salariés qui effectuent des tâches pénibles, ce compte doit permettre de partir plus tôt à la retraite. Mais le dispositif est critiqué, notamment par le Medef, qui a indiqué mercredi que les entreprises n’appliqueraient pas ces nouveaux critères. Dans l’agriculture, très concernée par la pénibilité, la mise en place du dispositif n’est pas simple.

Une exposition à plusieurs facteurs. Et pour cause, les taches pénibles sont nombreuses dans l'agriculture. "A un moment donné, si mon salarié conduit un tracteur, c'est une tache pénible. Aller biner des betteraves deux jours dans l'année, c'est aussi une tache pénible. Le bruit, quand on est au pied du moissonneuse batteuse ça fait beaucoup de bruit, mon salarié est exposé, mais comment je le quantifie ?", s'interroge Cyrille Milard qui cultive des céréales et des betteraves en Seine-et-Marne et emploie un salarié. "Je vais y passer l'année. Ce n'est pas tenable", déplore-t-il.

"On demande de ne pas appliquer". Cyrille Milard est également membre de la FNSEA en Seine-et-Marne, le syndicat agricole qui, pour l’instant, ne communique même pas sur le compte pénibilité à ses adhérents pour ne pas les affoler. Même au niveau national, la FNSEA explique que les agriculteurs ne peuvent pas appliquer cette mesure. "Aucun matériel n'est capable de dire aujourd'hui le nombre de vibrations que représente l’automoteur, la machine à vendanger ou la moissonneuse", explique Jérôme Volle, président de la commission emploi à la FNSEA. "Pour nous, tout ce qui est inapplicable, on demande aux agriculteurs de ne pas l'appliquer", poursuit-il. Pour Jérôme Volle, il vaudrait mieux demander aux agriculteurs d’améliorer les conditions de travail de leurs salariés plutôt que d’imposer le compte pénibilité.