Les salariés de SeaFrance "écœurés"

Les salariés espéraient un délai supplémentaire pour sauver SeaFrance.
Les salariés espéraient un délai supplémentaire pour sauver SeaFrance. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
REACTION - L’offre d’Eurotunnel leur laissait espérer un nouveau délai. La justice a dit "stop".

Les employés de la compagnie de ferries transmanche y ont cru jusqu’au bout et espéraient que l’offre d’Eurotunnel leur donne un délai supplémentaire. Mais le tribunal de commerce de Paris a décidé de placer SeaFrance en liquidation définitive, une annonce qui laisse aux employés un goût amer. En début d'après-midi lundi, quelque 300 salariés du groupe ont bloqué pendant une demi heure le péage de Senlis, sur l'Autoroute A1 entre Paris et Lille, suscitant la colère des automobilistes.

"Une histoire qui se tourne"

"C'est un sentiment d'amertume, de rancœur", a réagi sur Europe 1 Laurence Le Gonidec, membre du collectif des salariés non-syndiqués de SeaFrance. "Personnellement, c'est une histoire qui se tourne, une carrière de 22 ans chez SeaFrance", a-t-elle déclaré, avant d'ajouter : "j'espère que cela nous permettra de rebondir, toujours dans le Transmanche, essayer de faire valoir nos compétences".

Quant au projet de Scop, "il a été entendu qu’il n'est pas viable économiquement donc je ne vais pas prendre le risque éventuel d'y mettre des indemnités de licenciement", a-t-elle confié.

"Un gâchis énorme"

Les défenseurs du projet de coopérative sont tout aussi déçus, mais ne se résignent pas. "C'est un gâchis énorme, un gâchis social d'abord puisqu'il concerne le sort de 1.010 salariés, un gâchis économique également", a réagi Me Philippe Brun, l'un des avocats des porteurs du projet de coopérative ouvrière Scop.

"Je regrette très sincèrement qu'il n'y ait pas eu de volonté politique ferme, définitive, pour faire aboutir notre projet", a-t-il poursuivi.

"On a été trahis encore une fois"

Même son de cloche du côté de la CFDT, syndicat majoritaire de SeaFrance. "Cette décision nous choque. Aujourd'hui, on est écoeuré. On a été trahis encore une fois (par l'Etat, ndlr), on a abandonné les marins et les salariés", a fustigé David Baré, trésorier de la CFDT.

"C'est assez écoeurant de la part de l'Etat de préférer liquider une boîte pour peut-être la refiler à un groupe étranger. C'est vraiment dommage que l'Etat privilégie un concurrent étranger plutôt que de tout faire pour garder un pavillon français", s'est-il insurgé.